
So Foot – Pour tous les supporters de l’OL, ce 17 avril 2025 restera gravé dans les mémoires. Pour toujours. Mais pour les Rhodaniens ayant fait le déplacement à Manchester, ce match entre l’OL et les Red Devils a sûrement été le plus beau et le plus horrible de leur vie.
Une partie des 2 500 fans ayant fait le déplacement le jour même, le stress du match a rapidement été effacé par l’attente aéroportuaire et les retards du trafic aérien. Quelques pintes pour faire passer le temps dans le terminal de Beauvais, les remontrances des hôtesses, déjà exaspérées des chants lancés à l’heure où ces personnes auraient dû les entonner dans le cortège plutôt que dans une carlingue, et rien ne présage d’une rencontre tranquille. Pourtant, en ouvrant rapidement le score puis en doublant la mise juste avant la pause, les Mancuniens ont gâché la fête en parcage, pendant que Corentin Tolisso regardait ses pompes et que Nicolás Tagliafico réclamait une faute sur le but de Diogo Dalot.
Trois matchs dans le match
Finalement, la soirée s’annonce frustrante, décevante, mais simple pour tout le monde : l’OL est mal rentré dans son match, s’est découvert et a laissé son adversaire se recroqueviller devant sa surface pour seulement piquer en contre grâce à Alejandro Garnacho. Mais cette heure de jeu n’était finalement que le premier des trois matchs qui ont eu lieu sur la pelouse impeccable du Théâtre des rêves, qui porte si bien et si mal son nom selon la couleur de l’écusson que l’on défend.
En arrachant un but, Corentin Tolisso a semé le doute dans les têtes d’une équipe qui n’a pas confiance en elle et en laquelle ses fidèles n’ont pas confiance non plus. Déjà silencieux, le public s’est tu après le but de Tagliafico, pendant que les Lyonnais exultaient, comme si les deux camps savaient ce qui allait se passer. Oui, Lyon vient de prendre l’ascendant psychologique et va rouler sur des Mancuniens refusant l’idée de bien jouer en attaque.
L’unique point négatif ce soir est qu’on a beaucoup célébré sur le 4-2.
Le silence d’Old Trafford est saisissant, surtout lorsqu’une clameur daigne enfin déferler de ses travées lorsqu’elles se rendent compte que Bruno Fernandes et ses coéquipiers ne témoignent pas d’une envie absolue d’aller de l’avant. La punition tombe : l’OL marque deux fois, le parcage explose, pendant que des supporters locaux, habitués à voir leur équipe se ridiculiser ces dernières années, refusent de voir dix dernières minutes qui ne changeront rien. C’est aussi ce que pensaient Rayan Cherki et tout le banc lyonnais, venu célébrer le penalty transformé par Alexandre Lacazette comme celui qui leur avait offert la coupe. Peut-être trop même. « Je pense qu’on a beaucoup célébré sur le quatrième but. Peut-être qu’on a pensé qu’à ce moment on passait, qu’on avait gagné. On a manqué d’équilibre émotionnel à partir de ce moment. L’unique point négatif ce soir est qu’on a beaucoup célébré sur le 4-2 », a confié Paulo Fonseca en conférence de presse, après son dernier match de la saison sur un banc avant de remonter s’installer en tribune pour la Ligue 1.
Mais à ce moment-là, plus personne ne croit en ce Manchester United, même pas vraiment ses joueurs. Sauf peut-être un, le seul sûrement qui mérite de porter ce badge légendaire : Bruno Fernandes. Sa réduction du score – sur penalty – a lancé le quatrième et dernier match de cette soirée. Le plus beau et le plus cruel. Trois buts en sept minutes pour renverser l’OL qui resteront à jamais dans l’esprit des Mancuniens, qui avaient pourtant prévenu les Gones lors de l’entrée des joueurs, deux heures plus tôt : « Nous n’arrêterons jamais. »
Si les Red Devils ont arrêté de jouer pendant plus d’une heure, ils ont enfin profité de l’élan offert par un antre rugissant à fond la caisse. « Le son des deux derniers buts était incroyable », souriait encore Rúben Amorim en conférence de presse. C’est toute la dualité de ce public anglais. Rigoureusement silencieux la majeure partie du temps, diablement enflammé quand il sent l’odeur du sang. Les dix dernières minutes se sont jouées dans une euphorie générale que cette génération de joueurs mancuniens n’a jamais connue. Il n’y a qu’à voir la joie du jeune Kobbie Mainoo, qui vit une saison compliquée après son explosion l’an passé, pour se rendre compte que l’OL est au cœur d’une page majeure de son histoire, mais aussi de celle du plus grand club d’Angleterre.
Évidemment, le foot français et Lyon auraient préféré tenir un autre rôle que celui du perdant magnifique, ou du con. Ce match dénué de sens, vrillant dans l’irrationnel, est typique de ce club, qui a souvent misé sur des scénarios improbables pour envenimer une histoire parfois écrite à l’avance. La saison dernière est le meilleur exemple.
Mais cette capacité à faire sauter les barrages du foot réfléchi et calculé offre à Lyon une place particulière dans le foot français, même si les Rhodaniens ont souvent eu l’habitude de voir la pièce tomber de leur côté. Inconsolable, le nez dans son maillot au coup de sifflet final, Lacazette a peut-être vécu à Old Trafford son dernier match européen avec son club d’enfance. Ceux qui ont traversé la Manche pour se masser dans le corner avaient probablement les mirettes rougies également. Ils ont bien entonné un dernier chant, pour remercier leurs joueurs de cette joute mémorable, qui laissera des traces. À commencer pour dimanche en vue d’un derby qui s’annonce bouillant. Mais pour l’instant, les Gones ont besoin de panser leurs plaies, de sécher leurs larmes, et de commencer leur nuit avec des « et si… » qui feront mal au crâne.
Léo Tourbe, à Manchester
Source : So Foot
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