
Voilà ce qui arrive quand on agite le feu. Par un retour des choses, les flammes du feu « ivoirité » lèchent la maison PDCI, brasier originel. Le pyromane s’appelle Konan Bédié, figure du « houphouétisme», après celle du père tutélaire, Houphouët Boigny (1905-1993) dont l’ombre portée reste omniprésente.
La funeste ivoirité a une histoire et un destin. En 1993, le patriarche s’éclipse. La guerre de succession libère tous les coups. L’offensive des origines est lancée ciblant l’actuel président « suspecté » alors d’être burkinabé quand le Baoulé Konan Bédié fait office d’ivoirien fondamental comme on le dira du « nègre » Césaire. Tout le drame est là. Il y a des origines qui s’imposent naturellement et sans débat.
Près de 30 ans après, rebelote. La présidentielle se profile. L’ivoirité resurgit, visant cette fois Tidjane Thiam, candidat que l’on dit crédible avec de puissants soutiens dans le monde des finances, le sien. Pas de bon augure, mais ce n’est pas le sujet. Thiam a opportunément renoncé à sa nationalité française. Business as usual. Pour paraphraser le grand chef protestant, la présidence vaut bien une renonciation.
Tel Ouatara hier, Thiam est l’objet d’une campagne de disqualification très intéressée qui passera probablement avec la présidentielle. Ce qui la rend d’autant plus absurde. Quand une télé « africaine » annonce ce matin que la nationalité ivoirienne de Thiam est « suspendue » à une décision de justice, on mesure l’absurdité de la situation. Tidjane Thiam aurait donc été ministre, patron du PDCI sans que l’on sache s’il est réellement ivoirien. Tout son impressionnant parcours aurait été réalisé en apatride. Ridicule ! Le tragique est qu’en notre belle Afrique, les « ivoirités » fleurissent partout sous d’autres avatars. Toutes racontent la même histoire, celle de citoyens qui le sont naturellement et d’autres qui, éternellement, auront à le prouver. Tel est le destin de l’ivoirité et de ses variantes.
Tijane BAL pour Kassataya.com