Gabon – “CBON” pour le général Oligui Nguema, victorieux “sans surprise” de la présidentielle

Courrier international – Le Pays évoque “une victoire nette et sans surprise”. Une victoire acquise par “une énorme marge”, constate la BBC. Al-Jazeera préfère le terme de “raz-de-marée” tandis que l’Observateur, publication burkinabée comme Le Pays, clame “CBON pour le général”, jeu de mots reprenant le slogan de Brice Clotaire Oligui Nguema, annoncé dimanche vainqueur de l’élection présidentielle au Gabon avec un score de 90,32 %. Loin devant les sept autres candidats, dont Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien premier ministre d’Ali Bongo, limité à 3 %.

Ce résultat “témoigne d’une volonté manifeste de la majorité des électeurs gabonais de le voir diriger le pays au-delà de la transition”, analyse Gabon 24, la télévision publique de la nation aux 2,5 millions d’habitants. Pour le Pays, l’élection “consacre la trajectoire fulgurante d’un homme passé du statut de chef de la transition à celui de chef d’État plébiscité”.

La BBC nuance cette approche en rappelant que “la nouvelle constitution et le code électoral étaient faits pour assurer à Oligui Nguema une route confortable” vers la présidence. Le média britannique signale par ailleurs que, si le scrutin s’est déroulé dans le calme, des “poids lourds de l’opposition” ont été exclus de la course. Le site guinéen Ledjely note que ses adversaires étaient “peu visibles” pendant la campagne tout en relevant “un taux de participation exceptionnel de 87,21 % ”.

Le militaire, qui avait provoqué par un coup d’État le 30 août 2023 le départ d’Ali Bongo, a promis qu’il serait “le président de tous les Gabonais, sans distinction”, promettant qu’une “nouvelle page” s’ouvrait pour le Gabon après la première élection présidentielle “sans la participation d’un membre de la famille Bongo” depuis 1967, précise Wakat Sera.

Des chantiers « herculéens » devant lui

“Le paysage politique gabonais se redessine donc à l’issue de cette élection”, indique Gabon Review. Brice Clotaire Oligui Nguema dispose d’un mandat de sept ans pour réaliser son programme, notamment en finir avec la dépendance du pays au pétrole, souligne Bloomberg.

“Venu en balayeur des immondices d’une dynastie qui a fait la pluie et le bon temps pendant plus d’un demi-siècle au pays de Léon Bâ, CBON ne va pas s’arrêter en seulement 19 mois de bons et loyaux services à la nation gabonaise”, suggère l’Observateur. Le journal prévient toutefois que le président gabonais a face à lui des “chantiers herculéens” et s’interroge : “jusqu’où tiendra-t-il le pari de la rupture pour le renouveau dans la gouvernance du pays ? Pourra-t-il poursuivre sur l’élan actuel de la lutte contre la corruption, la gabegie, le clientélisme, le chômage, etc., lui qui n’est pas un étranger du système Bongo Odimba qui l’aura sécrété et qu’il aura servi pendant plus d’un quart de siècle ? ”. Al-Jazeera pose la question plus simplement : “l’élection mènera-t-elle au changement ? ”.

M. Oligui Nguema a été “adoubé par les urnes”, reconnaît Le Pays. “C’est vrai que depuis son accession au pouvoir, il a su incarner un leadership pragmatique en développant un discours d’apaisement tout en affichant l’image d’un président à l’écoute, rigoureux, et obsédé par l’efficacité. Mais cela ne suffira pas à lui garantir une tranquillité au sommet de l’État, s’il ne prend pas rapidement par les cornes le taureau des immenses défis qui l’attendent”.

La légitimité électorale acquise, il “devra tout faire pour prouver à son électorat en quête de stabilité, qu’il est vraiment à la hauteur des enjeux, et rassurer les plus sceptiques qui appellent à une vigilance citoyenne pour éviter un retour à l’autoritarisme”, ajoute le quotidien burkinabé.