Makhourédia Guèye : 17 ans déjà, l’héritage d’une légende du cinéma

Le Soleil  – 6 avril 2025. Cela fait dix-sept ans que Mamadou Guèye nous a quittés. Un nom qui ne dit peut-être rien au grand public, mais dont le surnom Makhourédia Guèye l’a rendu célèbre. Ce surnom, tiré d’une pièce radiophonique à grand succès diffusée en 1964 à l’Office de radiodiffusion du Sénégal (ORDS, ancêtre de la RTS), est devenu sa signature.

Makhourédia Guèye, de son vrai nom Mamadou Guèye, était un acteur de cinéma et de théâtre sénégalais, réputé pour ses collaborations avec le réalisateur Ousmane Sembène. Sa carrière, qui s’est étendue sur plus de six décennies, l’a vu incarner des rôles majeurs dans l’examen critique des problématiques de la société sénégalaise postindépendance.

C’est en 1945 que l’artiste fait une entrée en scène remarquée en tant qu’acteur, s’engageant d’abord dans le théâtre avant de se tourner vers le cinéma. Ses performances profondes et son dévouement au métier ont fait de lui une figure centrale du cinéma sénégalais. Il est rapidement repéré par le réalisateur Ousmane Sembène, avec qui il collabore sur plusieurs œuvres majeures, dont Mandabi (1968). Makhourédia Guèye y incarne Ibrahima Dieng, un chômeur confronté à une lourde bureaucratie après avoir reçu un mandat d’un parent vivant à l’étranger. Il enchaîne ensuite avec Xala (1975), un film satirique, puis Ceddo (1977), un récit explorant les conflits religieux et culturels en Afrique de l’Ouest.

Mais l’artiste ne se limitait pas au septième art. Le natif de Pire, né en 1928, s’est aussi illustré dans la musique. Multi-instrumentiste, il a joué de la guitare, de la batterie, du banjo, de l’accordéon, de la trompette, avant de jeter son dévolu sur le saxophone. En 1950, avec Bira Guèye, il fonde le groupe Harlem Jazz, un ensemble musical qui interprétait des genres variés : valse, tango, paso, boléro, biguine, morna, boogie-woogie…

Makhourédia Guèye ne possédait pas seulement des talents d’acteur et de musicien. Il avait aussi un charisme singulier et un style unique, ce qui lui valut le surnom de « Louis de Funès sénégalais ». Mais que serait Louis de Funès sans son acolyte André Raimbourg, dit Bourvil ? Makhourédia Guèye, lui, avait Oumar Ba, alias Baye Peulh. Ensemble, ils formaient un duo inséparable. Ils faisaient rire aux éclats tout en dénonçant, avec finesse, les travers de la société sénégalaise. Il suffisait de les voir apparaître ensemble pour être pris d’un fou rire. Pendant plus de trente ans, ces deux vieillards complices ont provoqué l’hilarité de ceux qui les voyaient sur scène, à la télévision ou dans des spots publicitaires.

Leur rencontre remonte à 1976, à l’Asecna, où ils travaillaient tous deux : Makhourédia Guèye comme comptable, Baye Peulh, après une carrière militaire, comme chauffeur. C’est là que naît leur complicité. Après le décès de Makhourédia Guèye, Baye Peulh annoncera la fin de sa carrière théâtrale.

Makhourédia Guèye s’éteint le dimanche 6 avril 2008, à une heure du matin, à l’Hôpital général de Grand Yoff, à l’âge de 84 ans. Mais il demeure, aujourd’hui encore, une légende du cinéma africain et une figure emblématique du patrimoine culturel sénégalais.

Source : Le Soleil (Sénégal) – Le 06 avril 2025

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