Au Niger, le haoussa promu « langue nationale », le français relégué au rang de « langue de travail »

Neuf autres langues, dont le zarma-songhay, le fulfulde, le kanouri, le gourmantché et l’arabe, deviennent « les langues parlées du Niger », selon la Charte de la refondation promulguée à la fin de mars par le général Abdourahamane Tiani.

AFP – Le régime militaire au Niger a décrété le haoussa « langue nationale » et relégué le français, jusqu’ici langue officielle du pays, au rang de « langue de travail », a appris l’Agence France-Presse, mardi 8 avril, de source officielle.

Dans la Constitution du 25 novembre 2010, le français était la langue officielle du Niger et toutes les langues parlées du pays avaient un statut de « langues nationales ». Promulguée le 26 mars par le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire, la nouvelle « Charte de la refondation », qui a aussi valeur de Constitution, modifie le statut des langues du pays. « La langue nationale est le haoussa » et « les langues de travail sont l’anglais et le français », stipule l’article 12 de cette charte publiée dans une édition spéciale du Journal officiel datée du 31 mars. Neuf autres langues, dont le zarma-songhay, le fulfulde (peul), le kanouri, le gourmantché et l’arabe, deviennent « les langues parlées du Niger », selon le document.

Le pays compte 13 % de francophones, soit un peu plus de 3 millions d’habitants. Le haoussa y est la langue la plus parlée, particulièrement dans les régions de Zinder, Maradi et Tahoua, toutes trois frontalières du Nigeria, qui compte également plusieurs millions de locuteurs du haoussa.

Le Niger est dirigé par des militaires depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023 qui a renversé le président civil Mohamed Bazoum. La Charte de la refondation, issue d’« assises nationales » tenues en février, a fixé la durée du régime militaire à cinq ans minimum, une période « modulable » en fonction, notamment, de la situation sécuritaire du pays, miné par des attaques djihadistes depuis une dizaine d’années.

Les militaires au pouvoir, qui prônent une politique souverainiste, avaient retiré à la mi-mars le Niger de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), tout comme leurs alliés du Mali et du Burkina Faso, également dirigés par des juntes. Ces deux pays ont aussi relégué le français au rang de langue de travail, faisant des langues nationales leurs langues officielles. Les trois Etats se sont par ailleurs retirés de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qu’ils estiment inféodée à la France, pour former l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ils ont enfin rompu leurs relations diplomatiques et militaires avec la France et débaptisé des rues et monuments qui portaient des noms français.

Source : Le Monde avec AFP

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