
Il existe des indignations sélectives qui en disent long sur l’état de notre société.
Lorsqu’un Président de la République ou ses ministres se rendent à l’étranger pour solliciter des financements ou apparaître sur des chaînes internationales, nul ne trouve à redire. Ces déplacements, abondamment relayés par les médias, sont présentés comme des succès diplomatiques. Même lorsqu’ils s’expriment dans des langues incomprises par la majorité de nos concitoyens, le silence prévaut.
Pis encore : certains applaudissent.
Mais que se passe-t-il lorsque, en ma qualité de représentant du peuple, j’ose dénoncer les discriminations et les injustices qui frappent une partie de nos compatriotes, que ce soit au Parlement européen ou sur un média sénégalais ?
L’indignation sélective resurgit.
D’aucuns me reprochent d’avoir osé dire la vérité hors de nos frontières. Ces réactions ne sont que l’expression d’une volonté désespérée de réduire au silence les voix dissidentes et d’étouffer les revendications légitimes d’un peuple trop souvent ignoré.
Ce qui indispose mes détracteurs, ce n’est pas le contenu de mon discours, mais le fait qu’il ait été entendu.
Et cela en dit long.
Ils oublient — ou feignent d’oublier — que nos télévisions nationales nous ferment fréquemment leurs antennes, que nos radios refusent d’accorder une place aux langues parlées par la majorité de nos concitoyens.
Ils omettent de rappeler que ceux qui dénoncent les injustices sont systématiquement marginalisés, tandis que ceux qui les perpétuent jouissent d’une impunité complice.
Où était cette indignation lorsque l’Union européenne a octroyé plus de 150 millions d’euros en appui budgétaire à notre pays, sans la moindre exigence de transparence ni de redevabilité ?
Où était cette colère lorsque le Président sollicitait des aides en Arabie Saoudite ou ailleurs, sans que le peuple ne soit informé de l’usage de ces ressources ?
Ceux qui s’offusquent de mes prises de parole à l’international ne dénoncent jamais le mutisme institutionnel, les injustices systémiques ni la confiscation de l’espace public. Ils sont les gardiens d’un ordre établi, non les défenseurs du peuple.
Je l’affirme avec force,je continuerai à parler, à dénoncer, à interpeller, chaque fois que l’occasion se présentera car notre combat transcende les frontières.
Parce que notre peuple mérite que sa voix soit portée, sans honte ni crainte, tant que l’injustice restera une réalité quotidienne.
Briser le silence n’est pas une trahison.
C’est un acte de loyauté envers celles et ceux que l’on refuse d’écouter.
Khally Diallo
Le député du Peuple
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