
Info Migrants – Le gouvernement régional des îles Canaries a mis en place un programme de formation professionnelle et d’apprentissage en Mauritanie dans le but de créer des opportunités pour les jeunes et ainsi tenter de réduire l’émigration vers l’Europe.
Le président des îles Canaries, Fernando Clavijo, a appelé au renforcement de la coopération entre l’Union européenne (UE) et la Mauritanie pour lutter contre la migration irrégulière et le trafic d’êtres humains, comme l’explique le média local espagnol Canarias 7.
Lors de sa visite officielle en Mauritanie mi février, Fernando Clavijo a rencontré le président mauritanien Mohamed Ould el-Ghazouani pour discuter de la surveillance des côtes et de l’augmentation des arrivées irrégulières dans l’archipel espagnol.
Les deux hommes ont également vu dans la formation professionnelle une stratégie clé pour freiner la migration irrégulière.
2024 a été l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les personnes tentant de rejoindre l’Espagne par voie maritime. Selon un rapport de l’ONG Caminando Fronteras, au moins 10 457 personnes sont décédées ou portées disparues en mer Méditerranée et dans l’océan Atlantique, cette dernière route vers les îles Canaries étant la plus meurtrière.
Caminando Fronteras recueille des données provenant multiples sources, y compris des témoignages non officiels, ce qui explique que son estimation est nettement supérieure au chiffre de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’OIM a en effet enregistré un peu plus d’un millier de décès et disparitions, dont 466 en Méditerranée et 696 dans l’Atlantique.
La Mauritanie comme pays de transit
En raison de leur proximité géographique, les îles Canaries et la Mauritanie sont liées par le sort des milliers de migrants qui cherchent à rejoindre l’Europe. Les îles Canaries ont longtemps été considérées comme un trait d’union entre l’Afrique et l’Europe.
La Mauritanie, quant à elle, partage ses frontières avec le Mali, le Sénégal, le Sahara occidental et l’Algérie. Plus largement, des personnes cherchant à quitter la zone sahélienne en proie aux instabilités politiques et à l’insécurité finissent par arriver en Mauritanie.

Selon les chiffres officiels du gouvernement des îles Canaries, 86 753 personnes migrantes sont arrivées dans l’archipel au cours des deux dernières années. La plupart partent sur des pirogues, appelés cayucos, depuis la Mauritanie, mais seulement 6 % de ceux qui sont arrivés aux Canaries étaient de nationalité mauritanienne.
Formations dans les métiers manuels
Le programme d’enseignement et de formation professionnels Tierra Firme, une initiative du gouvernement régional des îles Canaries, vise à collaborer avec des pays tiers en matière de formation, d’emploi et d’inclusion sociale. Actuellement, 40 jeunes mauritaniens suivent l’une des formations en ferronnerie et en construction.
Outre la formation, Tierra Firme propose également un stage de trois mois dans des entreprises partenaires. Un certain nombre de participants et de diplômés du programme, âgés de 18 à 35 ans, se seraient vus proposer des emplois dans les entreprises où ils ont effectué leur stage, que ce soit dans des secteurs comme le tourisme, la plomberie ou encore l’agriculture.
L’une des initiatives de Tierra Firme est le Centre de formation professionnelle technique et industrielle de Nouakchott, capitale de la Mauritanie.
L’objectif est de porter le nombre d’étudiants inscrits à plus de 400, tant en Mauritanie qu’au Sénégal. La phase pilote du projet Tierra Firme a été lancée au Sénégal l’année dernière.

Comme le note le journal local Atalayar, Fernando Clavijo a exhorté les autres États de l’Union européenne à mettre sur pied des collaborations capables de créer des opportunités dans les pays d’origine des migrants et de leur offrir une alternative au dangereux voyage vers l’Europe.
« Personne ne monte sur un cayuco volontairement et pour profiter d’un voyage en bateau », fustige le président des Canaries, mais les personnes qui décident de risquer leur vie en mer le font parce qu’elles « fuient la terreur et la faim ».
Contrer les inégalités sociales
Une étude publiée en 2021 dans l’International Journal for Research in Vocational Education and Training (IJRVET) par des chercheurs d’Autriche, d’Allemagne et du Danemark montre également que l’enseignement et la formation professionnels dans les pays d’accueil peuvent offrir aux réfugiés et aux migrants une réelle voie vers l’emploi et l’inclusion sociale.
En outre, de tels programmes sont également essentiels pour réduire les inégalités sociales parmi les jeunes qui n’ont peut-être pas les ressources nécessaires pour suivre un enseignement dans des établissements classiques.
En raison de barrières telles que la langue, les réfugiés risquent davantage de se retrouver au chômage ou d’occuper des emplois mal rémunérés qui ne nécessitent pas de compétences techniques.
Toutefois, si la plupart des réfugiés ne sont pas allés au-delà d’une scolarisation de base, leur expérience professionnelle pratique peut être complétée par des programmes de formation professionnelle. L’apprentissage par le travail dans le cadre de stages peut également faciliter l’entrée sur le marché de l’emploi et promouvoir l’indépendance financière.
Source : Info Migrants (France)
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