Tumbé M Konaté, Panser les maux

Mahany Tumbé Konaté vient peu visiter son pays d’origine, la Mauritanie. À son grand regret. Dans une robe longue, aux couleurs variés, la mère de famille très communicative a animé sa seconde rencontre le jeudi 27 février 2025 à la Galerie Art-Gallé à la Cité Plage de l’artiste Amy Sow. Arrivés, avant l’heure, nous avons constaté une ambiance empreinte d’impatience et de curiosité. Des étudiantes, et pas que, attendaient tranquillement dans le murmure : un atelier d’écriture avec une femme Soninké ! Puis apparaît Mahany Tumbé !

Après des tours de présentations, dans une ambiance studieuse au fil des arrivées, l’atelier peut commencer. Chacun explique pourquoi il est là. Mahany écoute avec attention les différents récits. Et, après avoir évoqué ses différents parcours, elle déroule la méthodologie à suivre.

Crayons et stylos en mains, on plonge dans les écritures de partages. Réels exercices pour certains. L’on sentait, sur les visages et la fébrilité d’écriture, la passion et la curiosité dissimulée. Beaucoup étaient confrontés, pour la première fois, à cet acte de passer de son idée à sa restitution sur du papier. L’autrice les met en confiance, entre techniques et anecdotes. Une expérience stimulante. L’atelier s’est bien déroulé. Sans perturbation. Tout le monde a joué le jeu. S’en suivra une séance de dédicaces accompagnée d’une collation.

Mahany Tumbé Konaté présente ses trois livres publiés à ce jour : Eveille-toi ! Palabres d’Hier et d’Aujourd’hui (2021), un recueil de contes nourris à la sève de sa grand-mère, un Cahier d’exercices sur la connaissance de soi (2023) et Femmes ExtraOrdinaires (2024). Les écrits sont inspirés d’histoires et de quotidiens de femmes aux temporalités diverses. Si son deuxième ouvrage traite de connaissance de soi, une sorte d’apprentissage par le biais de « cahiers d’exercices », Mahany mue par son désir de partage dit écrire pour rendre son monde intérieur meilleur. Un peu dans le prolongement de sa fonction d’infirmière qui offre le mieux-être en toute contingence. Pour ça, elle n’a pas hésité à se publier à compte d’auteur.

Ses sujets de prédilection restent autour du développement personnel, la connaissance de soi, la culture et ses interconnexions avec ses différents patrimoines. Et pour cause. Mahany se souvient de la cour familiale dans son Guidimagha natal, au Sud de la Mauritanie, où elle est née d’un père originaire d’Aghoueinit et d’une mère d’un village pas loin, Tachott. Elle se remémore sa petite enfance, ses tournées entre grand-mères, tantes et oncles d’une localité à une autre. D’une aire à une autre, elle apprend les subtilités et nuances des cultures. Les contes qu’on lui bourdonne offrent un maillon entre le monde des humains et celui des animaux : « Nos contes sont de vraies écoles, de sagesses. Ils nous éclairent sur les univers », dit-elle.

Forte de ces premiers pas, dans l’éducation traditionnelle, Mahany Tumbé Konaté débarque vers l’âge de six ans en France où elle rejoint ses parents. Dans le Loiret, région Centre-Val de Loire où est installée la famille, s’ouvre un autre regard sur le monde. Elle n’a plus ni le même cadre de vie, ni les mêmes fréquentations scolaires, encore moins les jouets. Mais ses assises culturelles ont déjà leurs racines : l’esprit solidaire de la communauté.

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Elle passe sans peine sa scolarité, tout en s’imprégnant d’autres flux culturels. Avec son baccalauréat en Sciences et technologies tertiaire, elle rejoint l’Institut de formation en soins infirmiers de la Croix Rouge à Paris. Plus tard, elle fait un diplôme universitaire en psychiatrie de compétences transculturelles. Mahany accumule les expériences, et exerce aujourd’hui dans le département de l’Essonne comme infirmière en psychiatrie pour adultes. « La santé mentale me préoccupe énormément, confie-t-elle. Surtout que dans nos communautés, il suffit de peu pour se retrouver isolé. Puis, dans les banlieues aux conditions de vies souvent dures, il est essentiel de savoir et pouvoir écouter des douleurs par moments non perceptibles. La communauté de proximité devient un remède non négligeable ».

Par causalité, elle trouve en l’écriture une catharsis. Elle anime, alors, des ateliers d’écriture. Puis, dans le prolongement des ateliers, est né le « Cahier d’exercices » sur la connaissance de soi. Un espace où l’on peut panser ses maux, par des mots qui élèvent. Transmettre, partager, son amour de soi. L’écriture permet tout cela.

Ouverte sur les diversités du monde, autant dans l’habillement que sur le plan culinaire, Mahany déclare être une gourmande avec une préférence pour les plats multiculturels, épicés notamment : « Le dernier plat que j’ai mangé est coréen », dit-elle avec une mime savourant encore le mets ! Mais rien ne remplace, bien entendu, les plats de son natal Guidimakha : mafé, sauce graine, couscous, bouillie au maïs… De quoi entretenir la passionnée de randonnées, en famille, de lectures et d’écriture. Activités qu’elle combine harmonieusement avec son métier d’infirmière. Son rêve est de poursuivre ses passions, laisser des impacts positifs chez les autres. Admiratrice la romancière Franco-Sénégalaise Fatou Diome, Mahany Tumbe Konaté demeure profondément tournée vers tout ce qui élève la nature humaine. Et ne réfute pas l’idée de se réinstaller, un jour, en Mauritanie. Une identité de partage, assumée !

 

 

 

Bios et Cheikh Aidara

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