Le photographe Dennis Morris, enfant du reggae et légende de la pop culture

M Le Mag – En images – A 13 ans, il a réalisé l’une des plus célèbres images de Bob Marley. Le Londonien a ensuite immortalisé et accompagné tout un panthéon du reggae et du rock, de Lee « Scratch » Perry à Oasis, en passant par les Sex Pistols. Une exposition à la Maison européenne de la photographie, à Paris, lui rend hommage.

 

L’image la plus fraîche et la plus naturelle de Bob Marley est signée d’un adolescent. En 1973, Dennis Morris, âgé de 13 ans, fait l’école buissonnière avec l’idée de photographier son idole qui joue au club Speakeasy, à Londres, et patiente des heures avant que le groupe débarque pour les essais de son. Entre le musicien arrivé de Jamaïque, pas encore une star, et le jeune garçon noir, lui aussi d’origine caribéenne, qui tente de trouver sa place dans la société britannique, le courant passe immédiatement. Au point que Dennis Morris est invité à accompagner le groupe en tournée. « J’ai pris mon sac de sport comme si j’allais à l’école et j’ai quitté la maison », raconte-t-il.

Juste avant de partir, assis dans la camionnette, Bob Marley se retourne et lui lance : « Tu es prêt, Dennis ? » En guise de réponse, le gamin prendra cette photo historique. La tournée en question va tourner court – le groupe déteste le froid et, horrifié devant la neige, y voit un signe de Jah (Dieu), qui leur intime de rentrer en Jamaïque. Dennis Morris, lui, retourne chez sa mère, où il récolte une sacrée raclée.

L’épisode marquera un tournant dans sa vie. Il reste en contact avec Bob Marley et, lorsque celui-ci revient à Londres, en 1975, pour son célèbre concert au Lyceum, Dennis Morris signe la couverture des magazines Melody Maker et New Musical Express (NME) avec ses photos. Sa carrière est lancée. La légende du reggae incarnera pour lui bien plus qu’une opportunité, plutôt un père de substitution – d’autant que ni Dennis ni Bob n’ont grandi avec une figure paternelle. « Bob Marley m’a parlé de mon histoire, m’a incité à progresser. Il m’a appris à être un homme, à être noir, à être fier », dit-il aujourd’hui.

Aux premières loges du mouvement punk

 

A défaut de devenir photographe de guerre, comme il en rêvait, freiné par le racisme ambiant, Dennis Morris a voué toute sa vie à la photo et à la musique, signant des images célèbres – comme celle où Bob Marley fume un joint qui a orné les murs de milliers de chambres d’adolescents. Ou la pochette du disque Broken English, de Marianne Faithfull, une photo obtenue après une séance de pose épique et alcoolisée. Elles sont à voir dans une exposition à la Maison européenne de la photographie, à Paris, dont Dennis Morris, âgé de 65 ans, et toujours habillé à la pointe de la mode, aime faire la visite guidée en déroulant d’innombrables anecdotes.

Fan de reggae, le photographe se rend plusieurs fois en Jamaïque avec Bob Marley, jusqu’à sa mort, en 1981, et y immortalise les grands noms du genre, Lee « Scratch » Perry dans son mythique studio The Black Ark, Peter Tosh, King Tubby ou The Gladiators. Il y accompagne aussi l’entrepreneur Richard Branson, qui cherche à recruter des musiciens pour le nouveau label de Virgin Records, Front Line, en 1978. Convaincu de l’importance d’avoir un style, Dennis Morris persuade certains groupes jamaïcains de le laisser les relooker – un talent et un œil qui lui vaudront de devenir par la suite directeur artistique pour Island Records.

 

Johnny Rotten, alors membre des Sex Pistols, dans les coulisses du Marquee Club, Londres, 23 juillet 1977.

 

Au-delà du reggae, Dennis Morris va aussi accompagner l’ascension du punk. C’est parce que John Lydon, alias Johnny Rotten, leader des Sex Pistols, est fan de reggae qu’il invite Dennis Morris à devenir le photographe officiel du groupe, en 1977. Sur les tournées, c’est le chaos total : les salles de concerts sont trop petites, le public est déchaîné, les musiciens hurlent, voire vomissent sur scène, la police débarque et arrête les frais après seulement quelques chansons… « Les gens crachaient pour montrer qu’ils appréciaient ! se souvient Dennis Morris. Je me protégeais sous une capuche et je pogotais au même rythme que le public pour arriver à prendre des photos. »

 

 

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Source : M Le Mag

 

 

 

 

 

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