
Le Calame – La décision unilatérale du président de la République d’organiser un dialogue politique inclusif agite comme toujours la classe politique, en particulier l’opposition. Réclamant depuis des décennies la tenue d’une telle rencontre, elle n’a cependant cessé de peiner à s’y présenter unie. L’histoire risque fort de se répéter. Aussi tente-t-elle depuis peu, pour éviter que l’histoire ne bégaie, de se ressaisir et de se préparer. C’est dans cette perspective qu’elle a tenu, le 26 Février dernier, une grande réunion ; en vue d’abord de se retrouver car depuis les dernières législatives et présidentielle, l’opposition n’a surtout entretenu que… ses divisions. On a ainsi vu naître des alliances en son sein…
Au-delà de la signature, il y a presque deux ans, d’un « pacte républicain » par deux de ses partis traditionnels, le RFD et l’UFP, avec le principal parti de la majorité, El INSAF, ses autres formations politiques, mouvements et organisations de la Société civile ont mis en place, sous la bannière de Biram Président 2024, une alliance dite « antisystème », qualifiée par certains de « rassemblement des extrémistes » ou des radicaux, essentiellement composée de noirs (maures et non-maures). C’est une alliance qui revendique la refondation du système qui régente le pays depuis l’indépendance nationale en 1960 et le discours de certains de ses leaders suscite une grande méfiance au sein de la composante arabo-berbère persuadée que l’objectif de cette alliance est de « détruire » un système accusé de s’être accaparé de l’essentiel des richesses et des leviers politiques du pays.
Á côté de ce nouveau groupement, on en trouve un autre : l’Alliance des forces du peuple ; rassemblant une partie de la coalition qui soutint la candidature de maître El Id Mohameden M’Bareck à la présidentielle de Juin 2024 ; et l’on imagine bien que l’autre partie, réunie à l’époque au sein du FRUD, pourrait peut-être se retrouver à la tête d’un troisième. Pas vraiment des nouvelles propres à favoriser l’union de l’opposition démocratique, considérée, par certains observateurs et beaucoup de mauritaniens, comme « inexistante », «sans aucune alternative ni perspective ». Marquée par l’absence du président de l’APP et leader « traditionnel » de l’opposition, Messaoud Boulkheïr, la réunion de celle-ci entendait trouver « le moyen de dynamiser l’action commune de l’opposition et de renforcer la coordination de ses forces pour la prochaine étape ». Un nouveau palier qui devait se traduire par la mise en place d’un « comité chargé de préparer un programme de travail commun pour les forces de l’opposition et la poursuite des contacts et rencontres afin de coordonner les positions sur les questions émergentes ».
Mais à l’arrivée, les participants n’ont pas réussi à mettre en place ledit comité. Un problème de temps ou de divergences ? La question reste posée. En attendant, l’opposition reste confrontée à son « gros » défi : où trouver le leader assez charismatique pour la fédérer ? Certains responsables sont récalcitrants à tout compromis… sauf s’ils l’incarnent chacun séparément. Une vraie bouteille à l’encre ! On se rappelle que le pouvoir avait suspendu, en 2022, le processus de préparation du dialogue, à cause des réticences du président de l’APP, Messaoud Boulkheïr et de celui de l’IRA, Biram Dah Abeïd, ainsi que, dans une certaine mesure, des hésitations de Tawassoul.
A la recherche d’un leader
L’absence de représentant de l’APP à la rencontre du 26 Février interroge plus d’un. S’agit-il de divergences profondes ? Le président Messaoud qui s’était engagé, on s’en souvient, dans la recherche d’un candidat unique pour la présidentielle de 2024 avait été choqué par l’attitude de certains leaders officiellement engagés dans les négociations qui ne s’en étaient pas moins hâtés de déclarer leur candidature… alors même que les négociations se poursuivaient ! Aujourd’hui, on attend la mise en place d’un comité dont la mission sera de concocter une feuille de route. Une tâche redoutable en ce que c’est sur elle que risquent achopper les choses. Et des angles aigus, Dieu sait que l’opposition en dispose déjà : il suffit de les dépoussiérer et de les actualiser ! Elle pourrait aussi – pourquoi pas ? – s’inspirer du pacte républicain signé entre le pouvoir, le RFD et l’UFP. Le document recense l’ensemble des problèmes du pays mais fut, hélas, rejeté par les autres leaders de l’opposition, accusant leurs camarades de l’avoir signé à la sauvette. Presque tous ont déclaré n’être pas concernés par ce pacte.
Dalay Lam
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