Le passeport de l’AES en quête de reconnaissance chinoise… entre autres

L’ambassade de Chine au Mali affirme que le refus de délivrer un visa à certains commerçants maliens n’est en aucun cas lié à un présumé rejet du passeport de l’Alliance des États du Sahel (AES). Toutes les chancelleries emboîteront-elles le pas chinois ?

Jeune Afrique – Certaines chancelleries traînent-elles les pieds pour reconnaître le passeport de l’Alliance des États du Sahel (AES) lancé officiellement le 29 janvier ? Le 26 février, l’ambassade de Chine au Mali s’est sentie obligée d’affirmer, par voie de communiqué, qu’elle n’avait jamais ni « refusé de reconnaître le nouveau passeport malien » ni « refusé systématiquement de visa aux citoyens maliens ». Le démenti était apparu inévitable, après une rumeur née d’une dénonciation de l’Association des commerçants voyageurs du Mali et de la Diaspora (Acovmadia).

C’est le même jour que ladite association avait publié un document qui affirmait que des commerçants s’étaient vu refuser leurs visas par l’ambassade de Chine. Si le rejet d’une demande de droit d’entrée peut être légitimé par la souveraineté chinoise – même à des voyageurs ayant déjà effectué des séjours professionnels en Chine –, l’accusation de l’Acovmadia est restée en travers de la gorge des aficionados d’un régime malien interpellé. En effet, la dénonciation précisait que les refus chinois auraient été motivés par une présumée invalidité du passeport AES. Une rumeur qui ne saurait être anodine, le lancement desdits documents d’identité sans mention « Cedeao » ayant suscité une certaine psychose par rapport aux zones auxquelles ceux-ci donneraient accès.

Bienveillance et chicote

L’Acovmadia ayant publiquement sollicité la « Chambre de commerce, le ministère des Affaires étrangères et les autorités de la transition pour prendre les dispositions nécessaires », la représentation asiatique ne pouvait que déployer une communication à deux bandes. Primo, le démenti d’« allégations infondées et de fausses nouvelles » a été agrémenté du discours naturellement sirupeux de toute enclave diplomatique. Et le communiqué de revendiquer ainsi « une attitude positive envers les Maliens qui souhaitent se rendre en Chine pour faire des échanges et des coopérations » et un goût pour un « développement sain et durable du partenariat stratégique sino-malien ».

Secundo, moins à l’attention des autorités hôtes qu’à celle des commerçants déçus, le communiqué chinois rappelle tout de même que toute demande de visa « doit se conformer aux réglementations chinoises en vigueur ». Au rappel des conditionnalités concernant tout passage d’une frontière, le propos chinois ajoute des menaces imprécises : « L’ambassade de Chine […] se réserve le droit de prendre les mesures nécessaires » contre « les actes calomniant l’empire du Milieu ».

Quid des autres ambassades ?

Même close, la polémique jettera-t-elle une lumière crue sur la frilosité éventuelle à l’égard de l’intégration au galop des pays sahéliens, de la part de chancelleries qui sont censément dans de moins bonnes dispositions que le géant chinois, peu enclin aux critiques politiques ?

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Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

 

 

Source : Jeune Afrique

 

 

 

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