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Agence de Presse Africaine – Le « kush », une drogue synthétique ultra-puissante provoque une crise sanitaire majeure, des morts quotidiennes et mobilise les gouvernements de la région face à ce qui est décrit comme « un tournant dans l’évolution de la menace des drogues en Afrique de l’Ouest ».
Une nouvelle drogue synthétique appelée « kush » décime les populations d’Afrique de l’Ouest, provoquant une crise sanitaire sans précédent qui a conduit plusieurs pays à déclarer l’état d’urgence, selon un rapport détaillé publié par la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) et l’Institut Clingendael.
Cette substance, qui combine des opioïdes de synthèse et des cannabinoïdes artificiels, a fait son apparition en Sierra Léone à la fin des années 2010 avant de s’étendre rapidement au Libéria, à la Guinée, à la Gambie, à la Guinée-Bissau et au Sénégal. La situation est devenue si critique qu’en avril 2024, les présidents de la Sierra Léone et du Libéria ont été contraints de déclarer l’état d’urgence face aux conséquences dévastatrices sur la santé publique.
Les tests chimiques réalisés sur le kush ont révélé une composition particulièrement dangereuse. Selon les auteurs du rapport transmis à APA, Lucia Bird Ruiz Benitez de Lugo et Dr. Kars de Bruijne, cette drogue contient des nitazènes (protonitazène, métonitazène et protonitazepyne) ainsi que des cannabinoïdes synthétiques (MDMB-en-4-PINACA).
« L’un des composés détectés, le protonitazepyne, serait 25 fois plus puissant que le fentanyl », précise le rapport, soulignant le danger extrême que représente cette substance.
Plus inquiétant encore, la composition chimique du kush semble uniforme à travers toute l’Afrique de l’Ouest, ce qui suggère une production et une distribution organisées à l’échelle régionale. En Sierra Léone, épicentre de la crise, la situation a pris une tournure dramatique. Dès 2022, les infrastructures mortuaires du pays ont été complètement débordées, forçant les autorités à organiser des crémations collectives.
Le rapport documente une réalité macabre, faisant constater « des corps (…) parfois abandonnés dans les rues par les propriétaires de lieux de consommation, puis ramassés par les autorités chaque matin. »
Si jusqu’en 2022, le marché du kush était dominé par quelques groupes criminels organisés qui importaient la drogue déjà transformée, la situation a évolué. « Aujourd’hui, le kush est en grande partie synthétisé localement », indique le rapport.
Cette production locale s’appuie sur un réseau complexe d’acteurs : propriétaires, intermédiaires (appelés « locks »), cuisiniers (« cooks »), distributeurs, détaillants et consommateurs. « Les profits les plus importants sont réalisés par les propriétaires, les cuisiniers et quelques grands distributeurs », précisent les chercheurs.
Les substances actives nécessaires à la fabrication du kush continuent d’être importées, principalement par voie maritime et, de plus en plus, via les services de courrier postal. Le rapport identifie la Chine, le Royaume-Uni et les Pays-Bas comme les principaux pays exportateurs de ces précurseurs chimiques.
L’étude met en lumière un phénomène intéressant concernant les gangs sierra-léonais. Traditionnellement impliqués dans des guerres de territoire sanglantes, ces groupes jouent désormais un rôle central dans le marché du kush en tant que distributeurs, détaillants et consommateurs. Toutefois, leur marginalisation politique et l’importance accordée à la qualité du produit ont paradoxalement réduit les conflits territoriaux et la violence, désormais perçue comme « un frein aux affaires ».
Source : Agence de Presse Africaine (APA)
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