Ces figures féminines noires qui ont changé l’histoire des Etats-Unis

BBC Afrique – Tout au long du mois de février, les États-Unis et d’autres pays célèbrent la contribution des Noirs dans la lutte pour les droits humains et les libertés.

Le Black History Month rend hommage à des figures historiques, des profils divers, hommes et femmes, célèbres ou anonymes, qui ont façonné la société américaine et influencé des générations entières à travers leurs prouesses et leur courage.

L’histoire de l’Amérique est riche du parcours de femmes qui se sont distinguées par leur caractère fort, leur contribution à la société ou leur personnalité tout simplement intéressante.

BBC Afrique revient sur la vie et l’oeuvre de personnages féminins emblématiques, qui ont profondément marqué chacune dans son domaine, l’histoire, la culture et la société américaines.

Harriet Tubman (1822-1913)

 

Portrait de l'activiste Harriet Tubman avec un châle et les mains croisées, 1885. Avec l'aimable autorisation de la Bibliothèque du Congrès. Note : L'image a été colorisée numériquement à l'aide d'un procédé moderne.

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Portrait de l’activiste Harriet Tubman avec un châle et les mains croisées, 1885. Note : L’image a été colorisée numériquement à l’aide d’un procédé moderne.

L’abolitionniste américaine Harriet Tubman est surtout connue pour les efforts qu’elle a déployés pour conduire des esclaves à la libération dans le cadre du chemin de fer clandestin, un réseau de militants antiesclavagistes.

Son héritage est indélébile dans le mouvement pour l’abolition de l’esclavage.

Esclave aux Etats-Unis, elle s’est libérée de ses chaînes, avant d’aider des centaines d’esclaves à s’échapper et de s’engager contre l’esclavagisme lors de la guerre de Sécession.

Elle a en effet effectué une dizaine de voyages par le chemin de fer clandestin, conduisant des dizaines d’esclaves vers la liberté, sans avoir jamais été arrêtée, malgré une récompense de 40 000 dollars pour sa capture.

En 1844, à l’âge de vingt-cinq ans, elle a épousé un homme noir libre du nom de John Tubman. Une fois mariée, elle changea son nom en Harriet. Cinq ans après son mariage, craignant d’être vendue plus au sud, Tubman s’échappe. Elle se rendit à Philadelphie où elle trouva du travail comme femme de ménage et devint active dans le mouvement abolitionniste.

En 1850, la loi sur les esclaves fugitifs (Fugitive Slave Act) interdit d’aider les esclaves en fuite et donne aux propriétaires d’esclaves le droit de récupérer leurs « biens » dans les États où l’esclavage est illégal. Cela a convaincu Tubman de rejoindre le chemin de fer clandestin, un réseau d’aide et d’assistance pour les esclaves fugitifs en quête de liberté.

Tubman est également la première femme noire à avoir servi dans l’armée, après avoir aidé l’armée de l’Union pendant la guerre de Sécession.

Tubman a servi dans l’armée de l’Union pendant la guerre civile en tant qu’infirmière, éclaireuse et parfois espionne, principalement en Caroline du Sud et dans ses environs.

En 1863, elle a dirigé des soldats noirs de l’Union lors de raids le long de la rivière Combahee. Cette campagne militaire a permis de libérer plus de 700 esclaves.

Harriet Tubman est restée active dans la cause de l’égalité jusqu’à la fin de sa vie en 1913.

Katherine G. Johnson (1918-2020)

 

Katherine Johnson

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Légende image, Katherine Johnson a été la première Afro-Américaine et la première femme à voir son nom inscrit sur un rapport scientifique de la NASA.

Katherine G. Johnson est née le 26 août 1918 à White Sulfur Springs, en Virginie-Occidentale. Elle était une mathématicienne noire pionnière dont le travail à la NASA a été crucial pour le succès de nombreuses missions spatiales, notamment le premier vol spatial habité américain et l’atterrissage sur la Lune d’Apollo 11.

Dès son plus jeune âge, Katherine Johnson a montré un talent remarquable pour les mathématiques et a sauté plusieurs classes à l’école, commençant le lycée à seulement 10 ans.

A cette époque, la ville natale de Johnson n’offrait pas d’école publique pour les enfants noirs au-delà de la huitième année, donc sa famille a été obligée de déménager à 193 kilomètres pour qu’elle puisse aller au lycée.

L’un de ses professeurs, William Schieffelin Claytor, a découvert son énorme potentiel pour les sciences et l’a encouragée à devenir mathématicienne de recherche.

En 1939, elle est devenue la première femme noire à fréquenter l’Université de Virginie-Occidentale, oùelle était admise dans un programme de mathématiques de troisième cycle.

Après des études supérieures et un travail d’enseignante dans une école publique, elle fut embauchée en 1953 par le centre de recherche Langley de la NASA à Hampton.

Elle passa les années suivantes à analyser les données des essais en vol et travailla sur l’enquête sur un accident d’avion causé par des turbulences de sillage, jusqu’à sa retraite en tant que technologue en aérospatiale en 1986.

Les réalisations de Johnson à la NASA furent mises en lumière dans le livre à succès « Les figures de l’ombre » et dans le film oscarisé du même nom.

Ses compétences exceptionnelles en navigation céleste et en mathématiques computationnelles ont brisé les barrières raciales et de genre dans un domaine dominé par les hommes blancs, ce qui lui a valu une large reconnaissance et des distinctions plus tard dans sa vie.

La mathématicienne qui a calculé les trajectoires des fusées et les orbites terrestres pour les premières missions spatiales de la NASA était l’une des pionnières de l’aérospatiale noire et un exemple de persévérance qui a ouvert de nouvelles portes aux femmes du monde entier.

Elle a été la première Afro-Américaine et la première femme à voir son nom inscrit sur un rapport scientifique de la NASA.

Shirley Chisholm (1924-2005)

 

Shirley Chisholm au pupitre lors d'une conférence de presse en 1972.

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Légende image, Shirley Chisholm est surtout connue pour être devenue la première femme noire membre du Congrès (1968), représentant l’État de New York à la Chambre des représentants des États-Unis.

Shirley Anita St. Hill Chisholm a été la première femme afro-américaine à siéger au Congrès (1968) et la première femme et afro-américaine à briguer l’investiture de l’un des deux grands partis politiques pour la présidence des États-Unis (1972).

Elle s’est battue au cours de ses sept mandats à la Chambre des représentants des États-Unis pour la cause des femmes et des minorités.

En 1964, Shirley Chisholm s’est présentée à l’assemblée législative de l’État de New York, où elle est devenue la deuxième Afro-Américaine à y siéger.

Après qu’un redécoupage ordonné par un tribunal a créé une nouvelle circonscription fortement démocrate dans son quartier, Mme Chisholm a tenté et obtenue un siège au Congrès en 1968.

Surnommée « Fighting Shirley » , elle a présenté plus de 50 textes législatifs et s’est faite la championne de l’égalité des races et des sexes, du sort des pauvres et de la fin de la guerre du Viêt Nam.

Cofondatrice du National Women’s Political Caucus en 1971, elle est devenue en 1977 la première femme noire et la deuxième femme à siéger au puissant House Rules Committee (comité des règles de la Chambre des représentants).

Elle participe à 12 primaires et recueille 152 votes de délégués (10 % du total), en dépit d’une campagne sous-financée et de la contestation du Congressional Black Caucus, majoritairement masculin.

Mme Chisholm s’est retirée du Congrès en 1983.

En 1991, elle s’installe en Floride et, pour des raisons de santé, décline la nomination au poste d’ambassadeur des États-Unis en Jamaïque.

Elle est décédée en 2005 après avoir subi une série d’accidents vasculaires cérébraux.

Shirley Chisholm a reçu à titre posthume la Médaille présidentielle de la liberté en 2015.

Ida B. Wells-Barnett (1862-1931)

 

Ida Bell Wells-Barnett, plus connue sous le nom Ida B. Wells, est une journaliste afro-américaine, rédactrice en chef et propriétaire d'un journal avec son mari.

Crédit photo, Chicago History Museum / Getty Images

Légende image, Ida Bell Wells-Barnett, plus connue sous le nom Ida B. Wells, est une journaliste afro-américaine, rédactrice en chef et propriétaire d’un journal avec son mari.

Ida B. Wells était une éminente journaliste d’investigation, éducatrice et militante noire au début du mouvement des droits civiques.

Elle est l’une des fondatrices de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et a mené une puissante croisade contre le lynchage aux États-Unis dans les années 1890.

La carrière de journaliste de Wells-Barnett a débuté à Memphis. Elle est devenue rédactrice en chef d’un journal local, The Evening Star , et rédactrice pour The Living Way sous le nom de plume « Iola ».

Les éditoriaux rédigés par « Iola » traitaient des problèmes raciaux auxquels les Afro-Américains étaient confrontés dans leur vie quotidienne. Wells-Barnett est ainsi devenue célèbre pour son esprit critique, ce qui lui a valu les titres de « Princesse de la presse » et de « la brillante Iola ».

En 1889, Wells-Barnett rejoignit le Free Speech en tant qu’associée et rédactrice en chef. Le lynchage des Noirs est devenu le domaine de recherche de Wells-Barnett.

Deux ans après avoir rejoint le Free Speech, Wells-Barnett a dénoncé les mauvaises conditions du système scolaire de Memphis. Peu de temps après, Wells-Barnett a été renvoyée de son poste d’institutrice, ce qui lui a permis de se concentrer à plein temps sur sa carrière de journaliste.

Wells-Barnett a continué à enquêter sur les incidents de lynchage sur la côte Est en se rendant dans divers endroits, où elle a écrit sur les injustices qui se sont produites tout au long de son parcours.

Les efforts anti-lynchage de Wells-Barnett culminèrent en 1895 avec la publication de A Red Record: Tabulated Statistics and Alleged Causes of Lynchings in the United States, 1892–1893–1894. En une centaine de pages, Wells-Barnett fournit une histoire du lynchage et des statistiques sur les lynchages aux États-Unis.

A Red Record présentait des années de journalisme de Wells-Barnett, encourageant la sensibilisation du public au lynchage et à une véritable égalité devant la loi pour les Afro-Américains dans le Sud américain et le reste des États-Unis.

Elle encouragea les lecteurs à réfléchir aux façons dont ils pourraient contribuer à la cause anti-lynchage et promouvoir la justice.

Mae Jemison (née en 1956)

 

Mae Jemison est entrée en orbite à bord de la navette spatiale Endeavour, devenant ainsi la première femme afro-américaine à voyager dans l'espace.

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Légende image, En 1983, après avoir vu Sally Ride, Jemison décide de postuler au programme d’astronaute de la NASA. Le 12 septembre 1992, Jemison est entrée en orbite à bord de la navette spatiale Endeavour, devenant ainsi la première femme afro-américaine à voyager dans l’espace.

Ingénieure, médecin et ancienne astronaute de la NASA, Mae Jemison est entrée dans l’histoire en 1992 en devenant la première femme noire à voyager dans l’espace à bord de la navette spatiale Endeavour, ce qui lui a valu une place parmi les Afro-Américains les plus célèbres.

Défenseure de l’éducation scientifique, en particulier pour les minorités et les filles, le voyage révolutionnaire de Jemison dans l’espace et ses travaux ultérieurs ont servi d’inspiration à de nombreuses personnes dans les domaines de la science et de la technologie.

Mae Carol Jemison est née à Decatur, en Alabama, le 17 octobre 1956.

Dès qu’elle a appris à lire, Mae a emprunté des livres scientifiques à la bibliothèque, lisant sur l’évolution, les dinosaures, les étoiles et les planètes.

Le 18 juin 1983, Sally Ride est devenue la première femme américaine à aller dans l’espace. Cet événement historique, associé à la fascination de Jemison pour l’espace depuis son enfance, l’a incitée à postuler au programme d’astronautes de la NASA en 1985.

Cependant, en raison de l’explosion de la navette spatiale Challenger en 1986, le programme a été suspendu. Jemison a présenté une nouvelle candidature et a été acceptée en 1987.

Elle était l’une des quinze personnes choisies pour le programme, sur plus de 2000 candidatures. Elle a été sélectionnée pour le groupe d’astronautes de la NASA 12.

Elle a effectué sa première mission au sein de l’ équipage STS-47 en tant que spécialiste de mission à bord de la navette spatiale Endeavour . Le 12 septembre 1992, Jemison et six autres astronautes se sont envolés dans l’espace pour leur mission. Grâce à ce lancement réussi, Mae Jemison est devenue la première femme afro-américaine à aller dans l’espace.

En orbite, Jemison a mené des expériences qui tiraient parti de l’environnement de microgravité, où les objets semblent être en apesanteur. La mission, connue sous le nom de Spacelab J , a mené plus de quarante-quatre expériences différentes, couvrant des domaines tels que la biotechnologie, les matériaux électroniques, la dynamique des fluides et les phénomènes de transport, les verres et les céramiques, les métaux et les alliages et les mesures d’accélération.

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Ousmane Badiane

Digital Journalist BBC Afrique

 

 

 

 

 

Source : BBC Afrique (Royaume-Uni)

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