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Vanity Fair – L’affaire empoisonne les relations déjà très dégradées entre Paris et Alger. L’écrivain Kamel Daoud a été assigné en justice ce jeudi en France pour non-respect de la vie privée. Une plainte a été déposée par Saâda Arbane, une Algérienne de 31 ans rescapée d’un massacre islamiste durant la guerre civile. Elle l’accuse d’avoir volé son histoire, en reprenant des confidences faites à sa psychiatre, femme de l’écrivain, pour écrire Houris (Gallimard), couronné par le prix Goncourt 2024. Une première audience de procédure est prévue le 7 mai après-midi au tribunal judiciaire de Paris.
Deux plaintes avait déjà été déposées par en août dernier à Oran en Algérie par Saâda Arbane, quelques jours après la publication du livre, à l’encontre de l’écrivain et de son épouse. Notamment pour violation du secret médical et la « diffamation des victimes du terrorisme et la violation de la loi sur la réconciliation nationale ».
Une référence à l’article 46 de la charte sur la réconciliation algérienne, qui prévoit des peines d’emprisonnement envers quiconque « instrumentalise les blessures de la tragédie nationale pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’État, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international ». Un article largement critiqué par Kamel Daoud dans son ouvrage.
Houris raconte l’histoire d’Aube, devenue muette à 5 ans après avoir eu les cordes vocales lacérées suite à une tentative d’égorgement, « au nom de Dieu », pendant la Guerre Civile algérienne. C’est la « décennie noire » (1992-2002) durant laquelle divers groupes islamistes s’opposèrent à l’armée nationale – le bilan oscille entre 60 000 et 200 000 morts et des milliers de disparus. Aube revient sur les lieux du crime, dans le nord du pays, où sa sœur a été violée, puis assassinée.
200 000 euros de dommages et intérêts
Détail troublant, Saâda Arbane est apparue mi-novembre à la télévision algérienne avec un dispositif médical autour du cou pour lui permettre de parler du mieux qu’elle le peut. Tout à fait comme Aube le raconte dans Houris. La plaignante a aussi expliqué avoir reconnue dans le livre des détails que seule sa psychiatre était à même de connaître.