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Slate – «La Saint-Valentin est à la fois mercantile, de mauvais goût, attendue, pesante et conformiste. Elle est nulle. C’est la fête la plus pourrie de l’année, à l’exception peut-être de la Fête des secrétaires ou de celle des grands-mères», écrivait en février 2017 mon confrère Jean-Laurent Cassely ici-même, en qualifiant la fête des amoureux de «love parade mondiale des beaufs». Pourquoi cette haine et surtout pourquoi ce mépris de classe? En effet, c’est quelque chose que l’on retrouve assez bien dans les chiffres et dans les différentes enquêtes d’opinion sur le sujet, la détestation de la Saint-Valentin semble relever de la distinction sociale.
D’un côté, il y aurait celles et ceux qui sont trop bien, trop intelligents pour de telles bassesses, celles et ceux qui «savent» –et le revendiquent– que la Saint-Valentin est une fête commerciale, oppressive parce qu’hétéronormée, cucul et kitsch jusqu’à l’écœurement. De l’autre, il y aurait les imbéciles heureux, les ravis de la crèche, drogués et aveuglés par les relents de guimauve et les illusions de l’amour romantique. Entre les deux, il n’y aurait rien. Et pourtant, je crois qu’une troisième voie est possible.
Alors évidemment, difficile de donner tort aux personnes qui estiment que la Saint-Valentin est devenue une célébration commerciale: il n’y a qu’à consulter sa boîte mail remplie d’offres de promotions ou aller au supermarché pour s’en rendre compte. Depuis le début du mois de janvier, je croule aussi sous les communiqués de presse pour des produits, services et autres expériences «valentino-marketés». Difficile également de nier que dans sa forme actuelle, la Saint-Valentin renforce des préceptes patriarcaux qui perpétuent des rapports de domination genrée.
Célébrer les amours saines et égalitaires
Je propose juste de faire un pas de côté, de penser à l’opportunité d’une journée pour célébrer nos amours et nos désirs, à notre manière. En cette période de montée du conservatisme, du masculinisme et des LGBTphobies, je crois que c’est quelque chose de fort de fêter la puissance de nos amours libres, égalitaires, saines, basées sur le respect mutuel et la complicité. Je trouve que ça a plus de gueule qu’une grève du sexe.
Certes, nous pouvons le faire toute l’année. Mais pourquoi ne pas faire de la Saint-Valentin un jour particulier pour marquer le coup? Une «contre-Saint-Valentin» peut-être, durant laquelle on brûle dans le même feu de joie les injonctions commerciales et celles à se conformer aux idéaux patriarcaux ?
Laure Dasinieres – Édité par Émile Vaizand
Source : Slate (France)
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