
Deutsche Welle – Mercredi 5 février, Daouda Magassa, un proche de l’imam Mahmoud Dicko a été enlevé par des individus non identifiés. Celui-ci préside le comité d’accueil de l’influent imam qui a passé près d’un an d’exil en Algérie en raison de ses relations conflictuelles avec le régime en place.
Les proches de Daouda Magassa déclarent n’avoir aucune nouvelle de lui depuis.
Cet enlèvement illustre le climat qui règne au Mali où les relations sont pour le moins tendues entre les autorités de la transition et certains prêcheurs dont les sermons prennent des tournures politiques. Certains d’entre eux ont été brièvement interpellés ou séjournent actuellement à la maison centrale d’arrêt de Bamako pour avoir émis des réserves sur la gestion du pays en lien avec la pratique de l’islam.
Atteinte à la laïcité ?
Le 24 janvier dernier, l’imam Sékou Sidibé a été placé sous mandat de dépôt pour « incitation à la violence, troubles à l’ordre public et tentative de démoralisation des troupes ». Il avait critiqué les formateurs militaires qui selon lui, ne respecteraient pas la laïcité du Mali.
En cause, une obligation faite à des hommes de se raser la barbe pendant leur formation. Pour l’imam Sékou Sidibé, la laïcité devrait aussi se traduire par le fait que chaque personne est libre d’exprimer sa croyance religieuse et dans le cas concret, les hommes barbus devraient ne pas être obligés de se raser.
Avant lui, à la fin de l’année 2024, Bandjougou Traoré, un autre imam, avait écopé de deux ans de prison ferme après un sermon très critique sur les femmes au sein de l’armée et dans le sport.
Frontière entre le politique et le religieux
« L’incapacité ces dernières années des hommes politiques à former et à encadrer les militants pour mener des activités politiques sur le terrain afin d’aller à la conquête et à l’exercice du pouvoir, a poussé certains cadres politiques et même certains hommes d’État à aller dans les mosquées pour les transformer en QG politique ou en quartier général de campagne », pense Mahamane Mariko du parti Craj. Il tente ainsi d’expliquer ce qu’il considère comme « la faillite de la classe politique et dirigeante » qui pourrait justifier « l’implication des leaders religieux dans les questions politiques ».
Source : Deutsche Welle (Allemagne)
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