Il est rare qu’un pouvoir politique cherche à rebaptiser un lieu sans raison. Le fait n’est presque jamais anodin. L’histoire est riche en exemples.
Dantzig n’est pas devenu Gdansk pour le fun. Koenigsberg, la ville de Kant, ne s’est pas transformée en Kaliningrad par hasard. Leningrad n’a pas retrouvé son ancien nom du seul fait d’être la ville natale de Poutine. Pas sûr que ceux qui préfèrent Kobané à Ain el Arabi ou l’inverse partagent des préoccupations identitaires identiques.
En ce jour de disparition de Sam Nujoma, rappelons-nous le combat acharné du régime de l’apartheid pour infliger le nom impersonnel et a-historique de Sud Ouest Africain en lieu et place de Namibie, dernière colonie indépendante d’Afrique (1990). Et ce, malgré la décision de l’ONU prise en 1968. À la manière du South West Township alias Soweto.Curieusement, la SWAP0, née en 1960,a conservé en filigrane cette dénomination
Il faut toujours ou presque se méfier des pouvoirs qui gomment les noms historiques des lieux. C’est une réécriture de l’histoire qui ne dit pas son nom. Cette « révolution toponymique » à l’envers marque, de manière plus ou moins cryptée ou plus ou moins évidente, une volonté de domination ou une dénomination réelle.
Tijane BAL pour Kassataya.com
