Courrier international – Le président républicain a affirmé mardi que les États-Unis souhaitaient développer le territoire palestinien et a répété que ses habitants pourraient être transférés vers la Jordanie ou l’Égypte. Une annonce extraordinaire qui, si elle était appliquée, pourrait avoir des “implications considérables” pour le Moyen-Orient, note la presse américaine.
“C’est l’une des idées les plus provocantes qu’ait osé avancer un dirigeant américain depuis des années”, résume The New York Times.
Lors d’une conférence conjointe avec le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a fait l’“effet d’une bombe”, le président américain, Donald Trump, a annoncé mardi 4 février que les États-Unis comptaient prendre le contrôle de la bande de Gaza, rapporte The Jerusalem Post.
Le républicain a également “suggéré” que les habitants du territoire palestinien soient “transférés de manière permanente” vers d’autres pays comme la Jordanie ou l’Égypte, remarque Times of Israel.
Parlant de la bande de Gaza comme d’un “chantier de démolition”, Trump a affirmé que les États-Unis seraient “responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes”. Il a ajouté que Washington comptait “aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits”, afin de développer économiquement le territoire palestinien, parlant d’un projet “à long terme”. “Ce n’est pas une décision prise à la légère”, a-t-il dit, répétant son vœu de faire de Gaza la “Côte d’Azur du Moyen-Orient”.
Gaza, une “boîte de Pandore géopolitique”
“Alors que le président a présenté la question comme un impératif humanitaire et une opportunité de développement économique, il a dans les faits rouvert une boîte de Pandore géopolitique aux implications considérables pour le Moyen-Orient”, analyse le New York Times. “Le contrôle de Gaza est l’une des principales pierres d’achoppement du conflit israélo-arabe depuis des décennies, et l’idée de relocaliser ses résidents palestiniens rappelle une époque où les grandes puissances occidentales redessinaient les cartes de la région et déplaçaient les populations sans égard pour leur autonomie locale”, souligne le quotidien américain.
“L’idée d’une prise de territoire par les États-Unis au Moyen-Orient constituerait un renversement radical pour M. Trump, qui s’est présenté pour la première fois aux élections en 2016 en jurant d’extraire l’Amérique de la région après la guerre en Irak”, rappelle aussi le New York Times, en remarquant par ailleurs que le républicain n’a “cité aucune autorité légale lui donnant le droit de s’emparer du territoire” palestinien.
Il “n’a pas non plus évoqué le fait que le déplacement forcé d’une population viole le droit international et des décennies de consensus en matière de politique étrangère américaine au sein des deux partis”, ajoute le journal.
Colère attendue du monde arabe
La décision de “s’emparer de territoires appartenant aux Palestiniens va entraîner encore plus profondément les États-Unis dans ce conflit”, estime pour sa part The Washington Post, qui s’attend à ce que les déclarations de Trump “attisent la colère au sein du monde arabe”. Son idée “n’accorde que peu de considération à ce que veulent” les Palestiniens, note le quotidien.
L’annonce de Trump a “créé un tel choc” mardi qu’elle a “même éclipsé” une autre information majeure, remarque Ha’Aretz. Lors de la conférence de presse, le président américain a déclaré qu’il comptait “prendre une décision dans les quatre prochaines semaines sur l’annexion potentielle de la Cisjordanie par Israël”, un événement qui, s’il se réalisait “constituerait un changement de paradigme pour l’ensemble du Moyen-Orient”, estime le quotidien israélien.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui se tenait au côté du président américain mardi à la Maison-Blanche, a salué en Donald Trump “le meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche”. Il a estimé que la reprise de Gaza par Washington pourrait “changer l’histoire” et a également affirmé qu’un accord de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël allait “se faire”.
La réaction de Ryad ne s’est pas fait attendre : l’Arabie saoudite a exclu, tôt mercredi, toute normalisation avec l’État hébreu sans la création d’un État palestinien alors que le gouvernement Nétanyahou reste lui opposé à la “solution à deux États”.
Source : Courrier international (France)
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