Le Calame – Le dimanche 27 Janvier, au sortir d’une émission sur TTV, Hanevy ould Dahah, le directeur de celle-ci, a été violemment agressé par un jeune homme venu avec l’intention manifeste d’en découdre avec lui.
L’excité dont l’entreprise avait gagné, il y a quelques années, le marché de réhabilitation d’un quai au Port de Nouadhibou mais n’avait pas respecté ses engagements – provoquant l’annulation du contrat et le lancement d’un nouvel appel d’offres – se considère victime d’un acharnement de la part du célèbre journaliste. Subite et d’une violence inouïe, l’agression a suscité de vives réactions. C’est la première fois, en effet, en 34 ans de liberté de la presse, qu’un professionnel des media est attaqué dans l’exercice de ses fonctions. On croyait, un peu naïvement peut-être, que ces pratiques d’un autre âge n’avaient plus cours dans un monde civilisé et que la loi de la jungle avait cédé la place à celle d’un État de Droit.
Certes, celui-ci éprouve bien des difficultés à imposer ses règles en Mauritanie et c’est à tout le moins le devoir de la presse libre – le quatrième pouvoir de toute démocratie – de l’y aider. Un appui singulièrement nécessaire en ces temps de lutte acharnée contre la gabegie, la corruption et les passe-droits. Notamment en dénonçant les pratiques douteuses dans la passation et l’exécution des marchés publics. S’agissait-il, en l’occurrence de cette lamentable affaire, de dissuader les journalistes d’accomplir leurs tâches ? On ne peut pas ignorer l’hypothèse que le jeune écervelé ait pu être manipulé par de plus discrets prédateurs de la chose publique, inquiets du combat mené par la presse aux côtés de l’État.
On attend donc de celui-ci qu’il réagisse sans tarder, en frappant juste et fort contre de telles intimidations. Une réponse immédiate, claire et vigoureuse, que tous nos confrères soutiendront sans faillir. Ensemble, conscients des enjeux cruciaux pour notre démocratie. Il nous faut mobiliser tous les pouvoirs de celle-ci – exécutif, législatif, judiciaire et médiatique – afin d’éradiquer au plus vite les séquelles de la loi de la jungle. Pas de faux-fuyants : la fermeté est ici de rigueur !
Ahmed ould Cheikh
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