En Côte d’Ivoire, la présence militaire française s’allège mais ne disparaît pas

La base militaire française de Port-Bouët sera rétrocédée à Abidjan fin janvier, tandis que la coopération militaire franco-ivoirienne sera remodelée.

Le Monde – Après avoir été chassés successivement du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, puis priés de quitter le Sénégal et le Tchad fin novembre 2024, les militaires français s’apprêtent à réduire drastiquement leur présence en Côte d’Ivoire. La base militaire française de Port-Bouët, à Abidjan, sera rétrocédée à la Côte d’Ivoire d’ici à la fin du mois de janvier. Ce retrait, prévu de longue date par les autorités françaises et ivoiriennes, a été officialisé le 31 décembre 2024 par le président Alassane Ouattara lors de son allocution de fin d’année.

La réduction des effectifs et la passation de charges entre les deux armées au camp du 43e bataillon d’infanterie de marine (BIMA) de Port-Bouët marquent une nouvelle étape dans la politique de réorganisation du dispositif militaire français en Afrique. Il ne s’agit pas d’un désaveu, a tenu à préciser le président Ouattara, fidèle allié de Paris sur le continent, mais d’un « retrait concerté et organisé des forces françaises en Côte d’Ivoire », qui, selon lui, consacre la « modernisation effective » de l’armée ivoirienne.

Cette décision divise l’opinion publique ivoirienne. « Une bonne partie des Ivoiriens, notamment les soutiens du gouvernement et certains militants du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire [principal parti d’opposition], ne voient pas d’un bon œil le retrait français, assure Arthur Banga, enseignant-chercheur spécialiste des questions de défense à l’université Félix-Houphouët-Boigny de Cocody. Nous sommes dans une période sensible d’un point de vue sécuritaire, avec l’accroissement de la menace terroriste et une certaine instabilité sous-régionale. A leurs yeux, il n’est pas sage d’accepter le décrochage militaire français alors que les pays sahéliens, qui menacent ouvertement la Côte d’Ivoire, renforcent la présence militaire russe sur leurs sols. »

« Une initiative historique »

 

Contrairement aux précédents malien, burkinabé et nigérien, et, plus récemment, au renvoi surprise des militaires français décidé par le Sénégal et le Tchad, la rétrocession de la base française d’Abidjan à l’armée ivoirienne relève d’une décision prise conjointement par la Côte d’Ivoire et la France. La réduction significative des effectifs du 43e BIMA était inscrite dans le rapport que Jean-Marie Bockel, envoyé personnel d’Emmanuel Macron pour la réorganisation du dispositif militaire français en Afrique, a remis au président en novembre 2024. La décision avait même été prise dès fin 2023, avec un départ progressif des troupes à partir de l’été 2024. Le nombre de militaires français sur la base de Port-Bouët, fluctuant mais pouvant monter jusqu’à un millier d’éléments, avait déjà été réduit à environ 300. Il devrait passer, courant 2025, à une centaine d’éléments, lesquels seront essentiellement chargés de missions de formation.

 

« C’est une initiative historique, qui marque le renouveau du partenariat entre la France et la Côte d’Ivoire. Ce retrait concerté et organisé des forces françaises, ainsi que la rétrocession du camp de Port-Bouët, s’inscrit dans un processus de dialogue et de travail conduit conjointement depuis un an et demi », estime une source diplomatique française. La Côte d’Ivoire restera donc un allié de poids de la France dans la sous-région, et l’armée française ne quittera pas le pays : sa présence devrait simplement se faire plus discrète.

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 (Abidjan, correspondance)

Source : Le Monde  – (Le 02 janvier 2025)

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