Sénégal : dans les traces de « Reug Reug », ces lutteurs qui veulent se mettre au MMA

Oumar Kane de son vrai nom a décroché le titre de champion de monde des poids lourds de la One Championship de la disciple. Une première dans le pays pour un ancien lutteur qui pourrait faire des émules.

Le Monde  – Le Sénégal a son premier grand champion de MMA (arts martiaux mixtes). Le 9 novembre, « Reug Reug », de son vrai nom Oumar Kane, a remporté son combat à Bangkok face à Anatoly Malykhin. Il a ainsi décroché le titre de champion de monde des poids lourds de la One Championship, l’une des plus importantes ligues du monde du MMA. Même le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, s’en est réjoui : « Il honore le Sénégal et inspire toute une génération. Notre nation est fière de cet exploit ». Pendant plusieurs jours, « Reug Reug », 32 ans, 1,93 m pour 120 kg, a fait la « une » des journaux dans son pays.

Le combattant avait assuré le show comme les institutions très commerciales du MMA l’exigent. Lors du face-à-face de présentation avec M. Malykhin, en amont de la rencontre, il a invectivé ce dernier et lui a tiré la langue. Les deux hommes se sont ensuite saisis l’un l’autre obligeant leur staff à les séparer. Buzz garanti.

Avant de basculer dans l’univers du MMA, « Reug Reug » a longtemps fréquenté celui de la lutte sénégalaise. « Il a commencé par le mbapat, la lutte traditionnelle, plus ou moins amatrice, très liée aux pratiques mystiques, puis il a pratiqué la “lutte des arènes”, professionnelle, dans laquelle on autorise les frappes », explique Laïty Sene, l’un de ses agents.

D’autres champions de lutte s’étaient déjà essayés au MMA, sans succès. « Bombardier », 150 kg, ancien « roi des arènes », c’est-à-dire meilleur lutteur du Sénégal, a ainsi perdu un combat en 2021 dès le premier round face au Polonais Mariusz Pudzianowski, provoquant l’effarement de ses compatriotes.

Un marché incertain, en pleine évolution

Passer de la lutte sénégalaise au MMA n’est pas aisé. Ce dernier inclut une part importante de boxe pieds poings, inexistante en lutte sénégalaise. Le staff de « Reug Reug » s’émerveille encore du high kick (coup de pied à hauteur du visage) donné à son adversaire le 9 novembre. « Le fruit d’un gros travail d’entraînement qu’il a fait à Dubaï, très éloigné de ce qu’on fait en lutte », souligne son agent M. Sene.

Avec la performance de « Reug Reug », les petits mondes des sports de combat et de la lutte sénégalaise se posent une même question : le MMA a-t-il un avenir au Sénégal ? Avec sa tradition de lutte, le pays a semblé une évidence aux yeux des promoteurs. En 2019, ARES Fighting Championship, une ligue française de MMA qui n’a jamais caché son ambition de se développer en Afrique, organise le premier gros événement professionnel de MMA à Dakar.

« Reug Reug » monte déjà sur le ring face au Franco-Marocain Sofiane Boukichou et l’emporte par K.-O. Mais, depuis, ARES FC n’est pas revenue. En mai, son patron concédait lors d’une conférence de presse que ses ambitions de s’implanter sur le continent africain étaient « sur du moyen ou long terme ». En attendant des événements locaux, sa stratégie est de faire venir des sportifs africains en Europe et de parier sur la diffusion de ses combats sur Canal+, bien implantée sur le continent, pour attirer le public vers la discipline.

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 (Dakar, correspondance)

Source : Le Monde

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