Deutsche Welle – Le 20 septembre dernier, le khalife général de la Tidjaniya, Amadou Hady Tall, avait réclamé dans un discours la nécessité de restaurer la paix au Mali. Le chef religieux avait par la même occasion condamné les actes terroristes qui endeuillent le pays depuis plus d’une décennie.
Lors de sa visite en juillet 2022 dans la région, le président de la transition, Assimi Goïta, avait rencontré tour à tour le Cherif de Nioro Bouyé Haidara, figure de premier plan de l’islam au Mali, ainsi qu’Amadou Tall.
Un dialogue pour la libération d’Amadou Hady Tall
Une scène qui aurait choqué le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, du moins si l’on s’en tient à l’enregistrement audio du groupe djihadiste diffusé samedi dernier sur les réseaux sociaux.
Selon Mohamed Mamata Touré, de l’association Anko Mali, une organisation de la société civile malienne, seul le dialogue pourrait permettre au Khalife Amadou Hady Tall de recouvrer la liberté.
« C’est une figure qui représente une grande famille religieuse dans ce pays, qui a toujours œuvré pour la promotion de l’islam. La communauté musulmane, à travers les leaders religieux et même la société civile, doit s’impliquer pour localiser les ravisseurs et pour engager des discussions en vue de sa libération », estime Mohamed Mamata Touré.
Nous avons contacté un membre influent de la famille Tall qui confirme l’ouverture des négociations. Il poursuit en indiquant qu’il n’y aura pas « de communication à ce sujet pour le moment ».
L’omerta pour ne pas prendre de risques inconsidérés
Quelques heures après l’enlèvement d’Amadou Hady Tall, le collectif des membres du forum des cadres de Nioro du Sahel avait, à travers un communiqué, condamné l’acte avant d’apporter son soutien au leader religieux. Mais depuis, aucune voix ne s’élève du côté de la société civile de Nioro du Sahel autour de l’affaire.
« C’est pour respecter la volonté de la famille Tall que nous nous taisons pour l’instant », nous a indiqué un jeune leader de la localité.
Qu’est-ce qui se cache donc derrière cet enlèvement ? Nous avons posé la question à Bokar Sangaré, doctorant en sciences politiques à l’Université libre de Bruxelles :
« L’enlèvement du Khalife général Amadou Tall se situe dans un contexte sahélien où les pratiques de violence des groupes armés qui se réclament de l’islam sont aussi tributaire de leurs perceptions des relations que les populations civiles entretiennent avec les acteurs ou d’autres acteurs armés qu’ils considèrent comme leurs ennemis », estime Bokar Sangaré.
Source : Deutsche Welle (Allemagne) – Le 30 décembre 2024
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com