SENEGAL-CULTURE / Saint-Louis au rythme du fanal, un pan de son patrimoine culturel

Agence de Presse Sénégalaise La ville de Saint-Louis vibre depuis lundi dernier au rythme du fanal, une tradition bien locale perpétuée au fil des années grâce au dévouement de l’artiste comédienne Marie Madeleine Diallo.

 

A travers son agence d’organisation culturelle, de promotion de spectacles et d’arts  »Jaloré Production », créée en 2000, elle tente tant bien que mal, avec son équipe, de pérenniser la tradition en offrant chaque année un spectacle aux populations de la vieille ville.

Le fanal est une œuvre d’art grandeur nature illuminée et dotée de roulettes pour se déplacer. Elle est conçue par des habitants d’un quartier qui la font défiler.

La procession s’accompagne de chants fredonnés par une troupe de femmes. Ces dernières chantent les louanges d’un parrain ou d’une marraine choisie parmi les personnalités de la ville.

Après avoir pris le départ dans un des quartiers de la vieille ville, la procession débouche sur la place Baya Ndar (ex-Faidherbe), son point de chute, où des activités culturelles sont organisées pour égayer la partie.

A l’origine, informe Ameth Ndiaye, acteur culturel et coordonnateur du fanal, ce spectacle renvoyait aux signares accompagnées de leurs domestiques portant des lampions pour leur éclairer la voie sur le chemin de l’église, le dernier jour de l’an.

Les signares, du mot portugais señora, est la désignation de jeunes femmes noires ou métisses de la Petite-Côte du Sénégal, des comptoirs de Rufisque (Rufisco) au XVIIe siècle, puis de Gorée (ouest) et finalement de Saint-Louis, jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le bien paraître en société, commandé par une haute idée de l’élégance, rythmait la vie de ces signares vivant en concubinage avec des Européens influents et qui réussirent à acquérir au fil du temps un rôle économique et un rang social élevé

Le spectacle que cela donnait a poussé les populations à parler de fanal qui renvoie au beau, souligne le coordonnateur de l’évènement. Ce dernier accompagne Marie Madeleine depuis 1999, année où elle décida de ressusciter cette tradition.

En effet, cela faisait des années que le fanal n’était plus organisé à Saint-Louis et en bonne doomou ndar (fils de Saint-Louis), l’artiste et actrice culturelle a décidé de s’engager pour son maintien dans l’agenda culturel communal, voire national.

Ainsi, dit son collaborateur, elle a mis en place cette structure pour organiser le fanal avec le soutien de certaines bonnes volontés.

Selon Ameth Ndiaye, avant, ‘’on sollicitait l’appui d’une bonne volonté choisie comme parrain ou marraine et dont les louanges étaient chantées par les troupes de quartier’’.

Marie Madeleine a ‘’pris sur elle de choisir des personnalités politiques, sportives, culturelle, etc. en les affectant à des quartiers qui avaient en retour la charge de confectionner un fanal et des chansons à sa gloire’’, explique-t-il.

L’œuvre d’art grandeur nature n’était découverte que le jour du fanal et chaque quartier cachait son jeu et ne voulait pas que les autres lui dament le pion.

En effet, il y avait une saine rivalité entre les quartiers de Sor, de l’Ile et de la Langue de Barbarie, qui voulaient chacun être l’auteur du spectacle le plus merveilleux.

Aujourd’hui, dans beaucoup de quartiers de Saint-Louis, grâce à l’implication de la promotrice, des troupes de chant existent ainsi que des ouvriers capables de fabriquer le fanal.

Ameth Ndiaye en déduit que ‘’pour longtemps encore, cette tradition va demeurer à Saint-Louis’’.

Marie Madeleine Diallo, la gardienne du temple

Marie Madeleine Diallo est célèbre à travers le pays pour avoir incarné la saint-louisienne type dans certaines pièces de la troupe Bara Yego aux côtés de feu Golbert et El hadj Mansour.

Cependant, dans la vieille ville, elle est surtout connue pour avoir pris des initiatives, comme le fanal ou les festivités du 15 août à l’hydrobase, en vue de promouvoir le patrimoine culturel de l’ancienne capitale du Sénégal.

 »Parler de Marie Madeleine m’est difficile », déclare son protégé Ameth Ndiaye, sollicité pour des témoignages sur sa  »maman ».

Selon lui,  »Marie Madeleine est une icône de la culture de Saint-Louis. Toute sa vie, elle l’a consacrée à promouvoir cette culture’’.

A sa retraite, elle pouvait aller se reposer auprès de ses enfants en France, où réside toute sa famille. Mais, elle a décidé de rester à Saint-Louis pour ressusciter le fanal qui était en voie d’extinction.

Elle s’est sacrifiée pour cette ville en se consacrant chaque année à l’organisation du fanal, qui est un évènement déficitaire en gérant tout malgré son âge, selon le coordonnateur du fanal et non moins membre de Jaloré production.

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Ahmad Mouslim Diba

 

 

 

 

Source : Agence de Presse Sénégalaise (APS)

 

 

 

 

 

 

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