SenePlus – Un phénomène devenu incontournable dans les églises de France, comme le révèle une enquête approfondie du Point. Nombre d’entre les fidèles ont sans suivi la messe célébrée par un prêtre venu d’Afrique. Une réalité qui illustre la transformation profonde du clergé français.
Les chiffres sont éloquents : selon Le Point, sur les 3 000 prêtres étrangers exerçant en France, entre 70 % et 80 % sont originaires d’Afrique, représentant environ un tiers des prêtres actifs de moins de 75 ans. À ces effectifs permanents s’ajoutent 600 à 700 prêtres assurant des remplacements saisonniers, ainsi que 300 ecclésiastiques poursuivant leurs études dans les Instituts catholiques.
Cette présence croissante répond à un besoin urgent. Le journal rappelle qu’en à peine deux décennies, le nombre total de prêtres en France a chuté drastiquement, passant de 25 353 en 2000 à 11 644 en 2022. Plus significatif encore, les prêtres diocésains ont vu leurs effectifs fondre de 19 243 à 9 336 sur la même période, tandis que le nombre de séminaristes s’est réduit de 976 à 709.
Ces religieux, qui viennent principalement de la République démocratique du Congo, du Bénin, du Congo Brazzaville, du Togo, du Cameroun, du Sénégal, du Burundi, du Rwanda, de Madagascar, de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, exercent leur ministère grâce à l’encyclique Fidei Donum de 1957. Comme le souligne la sociologue Corinne Valasik, citée par Le Point : « Ce mouvement du Sud vers le Nord a commencé dans les années 1980-1990, et s’est accéléré au cours des années 2000. »
L’adaptation de ces prêtres ne va pas toujours de soi. La sociologue, qui a mené une étude approfondie sur le sujet, révèle au quotidien français les différents obstacles qu’ils rencontrent. Les contraintes liturgiques françaises, comme la limitation des homélies à sept minutes, peuvent dérouter. L’un des prêtres interrogés confie : « Une homélie chez vous, c’est si court qu’on dirait un tweet ou un pense-bête. »
Le quotidien présente également ses défis. Ces hommes d’Église doivent s’adapter à un mode de vie plus solitaire, assumant des tâches domestiques inhabituelles pour eux. La baisse de statut social par rapport à leur pays d’origine, la barrière de la langue, et parfois même des expériences de racisme constituent autant d’épreuves à surmonter.
Cette réalité, devenue incontournable dans le paysage religieux français, a même été évoquée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui déclarait, comme le rapporte Le Point : « Il faut le dire au Rassemblement national : si on devait virer tous les étrangers qui travaillent en France, il n’y aurait plus beaucoup de curés dans les paroisses ! »
Source : SenePlus (Sénégal)