« maréchal du Tchad » lors d’une cérémonie dans la capitale, N’Djamena, une semaine après avoir obtenu ce titre grâce à un vote des parlementaires le 9 décembre. Un symbole qui doit lui permettre d’asseoir encore un peu plus son autorité, dans la lignée de son père, Idriss Déby Itno, qui a passé trente ans à la tête du pays (1990-2021).
– Là où le père avait attendu d’avoir passé trois décennies au pouvoir pour s’adjuger cette dignité, le fils n’aura patienté que trois ans. Samedi 20 décembre, Mahamat Idriss Déby, 40 ans, doit être officiellement faitA son arrivée au pouvoir, qui fut précipitée par la mort d’Idriss Déby Itno au combat, Mahamat Idriss Déby semblait avoir fort à faire pour s’imposer, lui qui avait été installé grâce à l’appui des officiers proches du président défunt. Déjouant les pronostics qui le voyaient emporté par ses tuteurs, il n’a cessé de renforcer son pouvoir, faisant adopter une nouvelle Constitution en 2023, jusqu’à se faire officiellement élire président avec 61 % des voix, en mai.
Le 29 décembre, il devrait s’octroyer sans difficulté une large majorité à l’issue des élections législatives, locales et provinciales dont son principal opposant, Succès Masra, a déjà annoncé le boycott.
Un retournement d’alliance
Son autorité assise sur la vie politique de son pays, Mahamat Idriss Déby a décidé d’imprimer sa marque en politique étrangère. Jusqu’alors alliées historiques de Paris en Afrique, les autorités tchadiennes ont exigé, fin novembre, le départ définitif des quelque 1 000 soldats français présents sur sol. Un retournement d’alliance pour ce pays clé au Sahel, où les troupes de l’ancien pays colonisateur étaient installées quasiment sans discontinuer depuis 1960, et qui était devenu une zone de repli pour elles après leur expulsion du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ces dernières années.
Pression supplémentaire : le 19 décembre, N’Djamena a demandé que le départ des Français soit effectif au 31 janvier 2025, selon des informations de RFI. Sollicité par Le Monde, l’état-major des armées a confirmé avoir appris par la presse le nouvel ultimatum fixé par les Tchadiens, tout en rappelant que l’accord initial prévoyait de laisser à la France une période de six mois pour quitter le pays. Cette nouvelle marque de défiance envers Paris représente aussi un défi logistique pour l’état-major français. Le désengagement était déjà extrêmement rapide, avec le décollage de trois Mirage vers la France le 10 décembre, soit seulement dix jours après la dénonciation de l’accord de défense, et le départ d’un premier contingent de 120 hommes le 20 décembre. Mais si quitter la base de Faya-Largeau, où étaient notamment installés les Français, semble possible d’ici au 31 janvier, partir de l’emprise située dans la capitale, apparaît plus compliqué aux militaires.
Le président Mahamat Idriss Déby assure, lui, qu’il ne s’agit pas d’une « remise en cause des relations diplomatiques entre les deux pays », mais seulement d’« une réorientation » de sa coopération avec la France. Courtisé par de nombreux pays comme la Russie, où il s’est rendu en janvier, ou encore la Hongrie, M. Déby affirme qu’il n’a aucune intention de remplacer « une puissance par une autre ». Il est dans les faits aujourd’hui extrêmement proche des Emirats arabes unis.
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