Le Parlement de Corée du Sud destitue le président Yoon

Les députés sud-coréens ont destitué samedi le président Yoon Suk Yeol, après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale et de faire museler le Parlement par l'armée le 3 décembre.

AFP – Les dizaines de milliers de manifestants massés à l’extérieur de l’Assemblée nationale ont explosé de joie à l’annonce par le président de la chambre Woo Won-shik du résultat du vote: 204 voix pour la destitution, 85 contre, trois abstentions et huit bulletins invalides.

La motion de destitution devait recueillir au moins 200 voix sur 300 pour passer. L’opposition, qui dispose de 192 députés, a donc réussi à faire basculer dans son camp 12 des 108 élus du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation de M. Yoon.

Le président est désormais suspendu, dans l’attente de la validation de sa destitution par la Cour constitutionnelle sous 180 jours. Le Premier ministre Han Duck-soo assure l’intérim.

POOL/AFP

Début de la séance du parlement sud-coréen, le 14 décembre 2024

« C’est une victoire du peuple et de la démocratie », s’est félicité Park Chan-dae, le chef de file des députés du Parti démocrate, la principale force d’opposition.

M. Yoon « est devenu un président que les citoyens ne peuvent plus accepter. Il a complètement trahi les valeurs du conservatisme, portant atteinte au fondement même de notre idéologie », a réagi un des députés du PPP ayant voté pour la destitution, Kim Sang-wook, à la chaîne de télévision JTBC.

« Cerveau » de la rébellion

L’imposition de la loi martiale « est une violation claire de la Constitution et une grave infraction à la loi », avait déclaré M. Park à la tribune avant le scrutin. « Yoon Suk Yeol est le cerveau de cette rébellion ».

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Des manifestants malmènent une effigie du président sud-coréen Yoon Suk Yeol devant le Parlement à Séoul, le 14 décembre 2024

Le 7 décembre, une première motion de destitution avait échoué, la plupart des députés du PPP ayant quitté l’hémicycle pour empêcher le quorum d’être atteint.

A l’annonce du résultat du vote samedi après-midi, les quelque 200.000 manifestants massés devant l’Assemblée nationale ont laissé éclater leur joie, dansant au son d’une K-pop assourdissante, s’embrassant parfois en larmes et agitant des bâtons lumineux.

« N’est-il pas extraordinaire que nous, le peuple, ayons réalisé tout ça ensemble? », s’est exclamée Choi Jung-ha, une manifestante de 52 ans.

Environ 30.000 partisans de M. Yoon, selon la police, se sont pour leur part rassemblés dans le centre de Séoul, entonnant des chants patriotiques et brandissant des drapeaux sud-coréens et américains.

AFP

Manifestation de soutien au président sud-coréen Yoon Suk Yeol, le 14 décembre 2024 à Séoul

« Je suis profondément frustré », a déclaré le président déchu à la télévision, confirmant qu’il allait maintenant se « retirer pour un certain temps ».

La Cour constitutionnelle a six mois pour confirmer ou infirmer la décision du Parlement. Si la destitution est validée, une élection présidentielle aura lieu sous 60 jours.

Le président de la Cour, Moon Hyung-bae, a promis « une procédure rapide et juste ».

Yoon Suk Yeol, 63 ans, est le troisième président de l’histoire de la Corée du Sud à être destitué par le Parlement, après Park Geun-hye en 2017 et Roh Moo-hyun en 2004. Ce dernier avait cependant vu sa destitution invalidée par la Cour constitutionnelle deux mois après son adoption par les députés.

Les ennuis de M. Yoon ne sont pas terminés. Le président déchu est visé par une enquête pénale pour « rébellion », un crime théoriquement passible de la peine de mort, et interdit de quitter le pays.

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Séoul (AFP)

 

 

 

Source : Courrier international (France)

 

 

 

 

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