Mentir sur l’existence du Père Noël est une bonne chose pour le développement de votre enfant

Après tout, s'interroge le philosophe Tom Whyman, que signifie être «totalement honnête» ?

Slate – D’ici seize jours, un vieux monsieur jovial et bedonnant, doté d’une longue barbe blanche, viendra se faufiler dans nos maisons pour nous ensevelir de cadeaux –du moins, c’est ce que pensent les enfants. Toutefois, on pourrait se questionner sur l’aspect moral d’un tel bobard. Pourquoi vouloir à tout prix que notre progéniture dise la vérité, tout en perpétuant allègrement ce drôle de mythe chaque année?

À en croire Emmanuel Kant, dans la Doctrine de la vertu, «le mensonge est la plus grande atteinte portée au devoir de l’homme envers lui-même considéré uniquement comme être moral». Si le philosophe prussien était intransigeant sur le sujet, Tom Whyman, philosophe à l’Université de Liverpool au Royaume-Uni, est d’un tout autre avis. Comme il l’explique pour The Conversation, il est pour lui moralement acceptable, si ce n’est fortement recommandé, que les parents participent au grand mensonge du Père Noël.

Tout d’abord, soyons franc: quel doux plaisir, lorsque l’on est un enfant, d’écrire sa lettre au Père Noël, de laisser du lait et des gâteaux, le tout en attendant impatiemment son arrivée. Ces activités ne sont-elles pas l’essence même de Noël? Mais, de manière plus générale, ce mensonge universel soulève également une bonne question: celle de l’honnêteté avec ses enfants.

Après tout, que signifie être «totalement honnête»? «Si je me sentais obligé de tout raconter à mes enfants, je n’hésiterais pas à leur raconter l’état pitoyable du monde, de l’existence, mes soucis d’argent, mes soucis de santé, mes inquiétudes à leur égard…», déclare Tom Whyman. Or, pas sûr que ce soit fortement recommandé, comme il le précise. Dès lors, pourquoi ne pas se laisser tenter par une vision du monde un poil édulcorée?

Le mensonge, un outil de développement

 

D’ailleurs, le mensonge ne doit pas toujours être connoté négativement. En effet, les tout-petits sont plus susceptibles de raconter de petits mensonges lorsqu’ils ont une compréhension émotionnelle élevée et sont capables de saisir la nature, les causes et les conséquences des émotions qui les touchent ou concernent les autres.

Par ailleurs, le philosophe mentionne un argument de Friedrich Nietzsche, issu de son essai Vérité et mensonge au sens extra-moral, selon lequel nous devons être au moins quelque peu trompés sur la réalité pour pouvoir la supporter. En effet, pour Tom Whyman, «en grandissant, nous avons probablement besoin, à un certain niveau, de croire que le monde est bon et juste: le genre d’endroit où un homme joyeux dirige un atelier tenu par des elfes, récompensant les enfants gentils et punissant (légèrement) les méchants».

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Repéré sur The Conversation

 

 

 

Solveig Blakowski

 

 

 

 

Source : Slate (France)

 

 

 

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