Sénégal : la Biennale d’art contemporain de Dakar victime de son succès populaire

Pour sa 15e édition, Dak’Art a suscité un engouement inédit, notamment auprès d’un public souvent novice, mais qui n’hésitait pas à se photographier sur certaines œuvres quitte à les abîmer voire en voler un morceau.

Le MondePopulaire et chaotique. Du fait notamment du réseau social TikTok, la Biennale d’art contemporain africain de Dakar (Sénégal), ouverte le 7 novembre, a suscité un engouement inédit auprès d’un public souvent novice, mais aussi causé des dégradations sur certaines œuvres.

Loin des débuts élitistes, où le public se trouvait parmi les expatriés et les professionnels venus du monde entier, la 15édition de Dak’Art, clôturée samedi 7 décembre, a connu une affluence record, laissant l’organisation débordée par les événements.

« On a été victime de notre succès, sourit Salimata Diop, directrice artistique de l’événement. Mais je préfère gérer cette foule imprévue plutôt qu’une biennale vide. » Pendant les deux dernières semaines, l’ancien palais de justice de Dakar où se déroulait le « in » a été pris d’assaut après la diffusion de vidéos devenues virales.

Deux d’entre elles – entre selfies et portraits posés de mode pris sur chaque installation artistique au milieu des œuvres d’art – ont été vues au moins un million de fois sur Tiktok ! Mettant en scène leur auteur dans ses déambulations, celles-ci ont permis d’attirer un public bien plus large. Dans leur sillage, des milliers d’autres vidéos sont apparus sur les réseaux sociaux, obligeant à un renforcement du dispositif sécuritaire pour contenir un public devenu « ingérable », selon Cheikh Diallo, guide sur le pavillon international.

« Ici, vous ne verrez que des tiktokeurs, s’amuse Mohamed Mbaye, un autre guide, avant de se faire plus grave. A un moment, on a eu peur car c’était le chaos général. » A l’entrée, il accueille un groupe de vingt personnes, exclusivement des jeunes, leur rappelant les consignes de sécurité : « On ne touche pas les œuvres d’art et on évite les selfies ! »

Détériorations, vandalisme

Car, avant de se conclure par une note plus sereine, la biennale a frôlé la catastrophe. Dans la section design, un spectateur s’est assis sur une chaise d’Hamed Ouattara brisant l’un de ses pieds. Dans la salle des pas perdus, un vase de Jenna Burchell a volé en éclats et le socle de la sculpture monumentale d’Oumar Ball a été dégradé. « Même avec du scotch gaffeur disant interdit, les spectateurs montaient dessus pour se prendre en photo », soupire Salimata Diop.

Ailleurs, les détériorations relevaient du vandalisme. Dans les travées de la section internationale, des éléments de scénographie afrofuturiste de Mohamed Diop ont été déchirés et chez Shivay la Multiple des cauris a disparu. Dans l’exposition « On s’arrêtera quand la terre rugira », une fleur rare, la tillandsia, portée par une amazone bikeuse de Beya Gille Gacha a été dérobée…

 

La multiplication de ces actes a conduit les organisateurs à filtrer les entrées. Alors que les files d’attente se sont allongées, Oumar Gueye et deux de ses amis, tous venus de la lointaine banlieue de Dakar, ont dû s’y prendre à deux fois pour entrer. « La première fois, on a attendu deux heures avant d’être refoulés, précise le jeune menuisier après un selfie devant L’Amazone de Beya Gille Gacha. Cela ne nous a pas empêchés de patienter à nouveau trois heures. »

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Source : Le Monde 

 

 

 

 

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