Culture. Henné, “attiéké”… l’Afrique accroît sa place dans le patrimoine culturel immatériel de l’humanité

Ce jeudi 5 décembre, la presse africaine se réjouit de l’inscription par l’Unesco de plusieurs traditions et biens culturels issus de tout le continent dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel. Mais certaines annonces créent des polémiques, notamment entre le Maroc et l’Algérie.

Courrier international – Comme chaque année depuis 2003, l’Unesco a ajouté ce jeudi 5 décembre plusieurs dizaines de traditions culturelles issues du monde entier dans sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel, qui encourage la sauvegarde de “pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés”. Parmi les traditions issues du continent africain, on trouve notamment la cérémonie du henné, l’attiéké (semoule de manioc) de Côte d’Ivoire, ou encore le tissu traditionnel ghanéen appelé kente.

La presse africaine a abondamment commenté ces annonces, qui pour certaines sont très œcuméniques. Ainsi, pas moins de seize pays arabes se sont associés pour ajouter à la liste la cérémonie du henné et ses rituels, relève L’Économiste Maroc.

Le henné est un arbre dont les feuilles, une fois broyées, sont utilisées dans une préparation qui sert à teindre les cheveux ou à réaliser des tatouages symboliques lors d’événements comme les mariages. De son côté, la presse ivoirienne se réjouit de l’inscription de l’attiéké. Cette semoule de manioc légèrement aigre qui accompagne les poissons et les viandes en sauce en Afrique de l’Ouest est un pilier de l’alimentation quotidienne en Côte d’Ivoire, rappelle Abidjan.net.

Mais une autre annonce a au contraire ravivé de vieilles querelles. Ainsi, Tout sur l’Algérie (TSA) se réjouit que la gandoura et la melehfa, deux robes portées notamment dans l’Est algérien à l’occasion de fêtes, aient été inscrites sur la liste de ce patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Mais le journal rappelle aussi qu’en 2023, à l’occasion de la présentation à l’Unesco du dossier de candidature par l’Algérie, le Maroc avait accusé son voisin d’appropriation culturelle pour avoir intégré à son dossier l’image d’un caftan dit “deFès”.

“Guerre du patrimoine culturel”

En mai, le think tank Atlantic Council notait qu’il existe désormais une “concurrence extrêmement clivante entre le Maroc et l’Algérie en matière de patrimoine culturel”. Selon ce think tank américain spécialisé dans les relations internationales, c’est une véritable “guerre du patrimoine culturel” que se livrent les deux pays rivaux, déjà à couteaux tirés sur la question du Sahara occidental.

Depuis 2008, les deux pays rivalisent pour inscrire au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco divers aspects de leurs traditions locales : tbourida (spectacle équestre), musique gnawa ou culture de l’arganier pour le Maroc ; pèlerinage au mausolée de Sidi Abd El-Qader Ben Mohammed, traditions nuptiales de Tlemcen et rituels de la Sebeïba dans le désert pour l’Algérie. Cependant, souligne l’analyse, “de nombreux éléments culturels restent l’objet de violents affrontements entre les deux pays, qui se disputent l’authenticité, l’exclusivité et la prééminence de symboles culturels comme le raï, le couscous ou le zellige mauresque”.

Une querelle d’autant plus vive, note encore l’Atlantic Council, qu’une inscription au patrimoine immatériel de l’humanité se traduit de façon sonnante et trébuchante, notamment grâce aux possibilités commerciales offertes par le tourisme culturel.

Source : Courrier international (France) – Le 05 décembre 2024

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