La CPI émet un mandat d’arrêt à l’encontre de Benyamin Nétanyahou, une “bombe juridique”

Courrier international Après des mois d’attente et de pressions tous azimuts, la Cour pénale internationale (CPI) a émis jeudi 21 novembre un mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et de son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour “crimes de guerre et crimes contre l’humanité” dans la bande de Gaza. Cette décision pour le moins inattendue a été qualifiée de “bombe juridique massive” par Times of Israel : “C’est la première fois que la Cour émet de tels mandats d’arrêt contre les dirigeants d’un pays démocratique”. C’est aussi la première fois que des dirigeants israéliens sont visés par un tel mandat.

Comme le rapporte le média israélien, Nétanyahou et Gallant, limogé de son poste de ministre de la Défense le 5 novembre, seront tous deux passibles d’arrestation s’ils se rendent dans l’un des 124 pays signataires du statut de Rome qui a instauré la CPI.

Parmi ces pays, figurent tous les États membres de l’Union européenne, la plupart des États africains et latino-américains, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que deux États arabes : la Jordanie et la Tunisie.

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Aurélie Boissière / Courrier international

Paria international

Cette décision fait de Nétanyahou un paria international et risque de l’“isoler davantage et de compliquer les efforts visant à négocier un cessez-le-feu pour mettre fin à un conflit qui dure depuis 13 mois”, ajoute Times of Israel. Mais ses implications pratiques pourraient être limitées, tempère le média, “étant donné qu’Israël et son principal allié, les États-Unis” ne comptent pas parmi les États Parties au Statut de Rome.

À ce jour, aucun mandat d’arrêt international n’a jamais été émis contre des responsables israéliens. Après l’annonce de la CPI, les Pays-Bas ont annoncé se préparer à exécuter les mandats d’arrêt, tandis que la France a affirmé, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, que la réponse du pays sera “conforme aux principes de la CPI”.

Lire aussi : Vu d’Israël. “Non, le procureur de la CPI Karim Khan n’est pas antisémite”

La CPI a également émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Mohammed Deif, chef militaire du Hamas, considéré comme le cerveau des massacres du 7 octobre 2023 qui ont tué environ 1 200 Israéliens et déclenché la guerre toujours en cours à Gaza.

En septembre, le procureur de la CPI, Karim Khan, avait demandé aux juges d’émettre “de toute urgence” les mandats d’arrêt qu’il avait sollicités pour la première fois en mai contre Nétanyahou, Gallant, et Deif, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le sort de ce dernier n’est toujours pas connu. Israël a annoncé le 1er août l’avoir tué lors d’un bombardement en juillet dans la région de Khan Younès, dans le sud de Gaza. Mais le Hamas n’a jamais officiellement confirmé la mort de son chef militaire.

“Jour noir pour la Justice”

Les réactions fusent de tout go depuis que la décision de la CPI a été rendue publique en fin de matinée. En Israël notamment, où elle a sucité une levée de boucliers tous azimuts. Le président israélien, Isaac Herzog, a ainsi qualifié de “scandaleuse” la décision de la CPI, rapporte Ha’Aretz, déplorant “un jour noir pour la justice et l’humanité”. “La décision scandaleuse de la CPI a transformé la justice universelle en risée universelle”, a-t-il déclaré dans un message sur X, affirmant que la décision “ignore le sort des 101 otages israéliens détenus en captivité brutale par le Hamas à Gaza” et choisit “le camp du terrorisme”.

De son côté, Benyamin Nétanyahou, premier concerné, a assimilé les mandats d’arrêt à un nouveau “procès Dreyfus” et a jugé la Cour d’“antisémite”, attaquant frontalement son procureur général.

“La décision antisémite de la Cour pénale internationale s’apparente à une affaire Dreyfus des temps modernes – et elle se terminera de la même manière”, a déploré le Premier ministre israélien dans un communiqué publié par son bureau et relayé par plusieurs journaux, dont Ha’Aretz.

“La décision a été prise par un procureur corrompu qui tentait de se protéger de graves allégations de harcèlement sexuel, et par des juges partiaux animés par une haine antisémite envers Israël”, peut-on lire dans le communiqué.

“Précédent historique majeur”

La CPI a “perdu toute légitimité”, a renchéri le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, tandis que le ministre de la Sécurité nationale (extrême droite), Itamar Ben Gvir, a appelé à l’annexion de la Cisjordanie en guise de réponse à ces mandats.

Sur le plan international, le prochain conseiller américain à la sécurité nationale, Michael Waltz, a quant à lui affirmé que “la CPI n’a aucune crédibilité et ces allégations ont été réfutées par le gouvernement américain”, rapporte le quotidien israélien.

Le Hamas s’est, quant à lui, félicité dans un communiqué de la décision de la CPI. “Cette décision, que l’administration américaine – complice des crimes de guerre sionistes – a tenté de bloquer pendant des mois en intimidant la Cour et ses juges […] constitue un précédent historique majeur”, a déclaré le mouvement islamiste palestinien, cité par le quotidien libanais L’Orient-Le Jour.

“Elle corrige également une longue trajectoire d’injustice envers notre peuple et une complaisance inquiétante face aux violations atroces qu’il subit depuis 76 ans d’occupation fasciste”, a ajouté le parti armé, appelant la juridiction à étendre la procédure à l’ensemble de la classe dirigeante israélienne ainsi qu’aux officiers de son armée.

 

 

 

Source : Courrier international (France)

 

 

 

 

 

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