Ndiawar Kane, un témoin paisible et digne / Par Tijane BAL

Voilà un homme qui, jusqu’au bout, aura joué sa partition. Sans fausses notes et sans surjouer.

Il n’est pas nécessaire de solliciter la grosse caisse pour se faire entendre.Voilà un homme qui, comme par pressentiment, s’est employé à mettre les choses en ordre avant de tirer sa révérence.

Si rare en nos contrées. Cette mise en ordre et en musique a d’abord pris les traits d’un roman revendiquant ouvertement un cousinage avec l’aventure ambiguë.

Il sera préfacé par Cheikh Hamidou Kane. Son titre: Le Sentier Sinueux. Il revisite, en l’actualisant et en la recontextualisant la trame de l’œuvre fétiche. Un témoignage autobiographique suivra à prés de cinq ans de distance : Le fleuve refuse de séparer. On change de registre. La métaphore fluviale, au demeurant justifiée, ne concentre pas la vie de l’auteur. Laquelle fut tout, sauf un long fleuve tranquille.

Toute vie commence par l’enfance, les parents, la famille. Celle de Ndiawar Kane est suffisamment connue de la plupart des Mauritaniens pour qu’il soit besoin d’y insister. Et puis, la famille, cela vaut pour chacun de nous, ce n’est pas vraiment la chose que nous choisissons.

À la différence de l’engagement militant, fil d’Ariane de la vie publique de Ndiawar Kane à côté où en même temps que l’enseignement. Ce n’est pas un secret que l’engagement est, en notre belle Afrique, souvent source d’ennuis.

Le grand homme en fit collection. D’abord sous le régime de Moctar Ould Daddah qui ne fut pas toujours aussi avenant et doux qu’une nostalgie myope et donc rétrospectivement indulgente veut bien faire accroire.

Puis il y a eu l’ultime absurdité: la déportation vers le Sénégal et donc la déchéance de nationalité de fait. Du jour au lendemain, l’enseignant au parcours riche, le haut fonctionnaire, au plan familial, le fils de chef de canton,frère cadet de l’ancien gouverneur de la capitale et d’autres capitales régionales, « cessa » d’être mauritanien.Ubu était devenu roi et voyage en absurdie !

Les principaux épisodes de ce parcours « sinueux » font le corps des 233 pages de Le fleuve refuse de séparer. Aujourd’hui, ce livre témoignage s’impose, non sans tristesse, en livre testament. Plus que jamais, il importe de lire Nul ne pourra raconter la trajectoire de son auteur mieux qu’il ne l’a fait. Il ne s’agissait pas de cela ici mais bien plus modestement de saluer celui qui s’en va.

Tijane BAL pour Kassataya.com

Le fleuve refuse de séparer – Cerdis

 

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