« En mémoire de Cabral » / Par Barka BA

Le 12 septembre 1924, Amilcar Cabral, fondateur du Paigc et héros de la guerre de libération de la Guinée Bissau, naissait à Bafata. S’il n’avait pas été assassiné à Conakry le 20 janvier 1973, il aurait eu 100 ans cette année.

Sud Quotidien –  En 2014, en marge de la couverture de l’élection présidentielle qui avait vu Jose Mario Vaz accéder à la magistrature suprême, notre confrère Barka Ba, ancien Directeur de l’Information de la Tfm avait eu la chance de rencontrer, dans le cadre d’un documentaire consacré au Paigc, certains des derniers vétérans de cette épopée fantastique, encore largement et injustement méconnue. Parmi eux, un homme au destin peu commun: le colonel Manuel Dos Santos, ancien commandant de l’artillerie du Paigc qui, avec des héros comme

Fode Cassama, avait puissamment contribué à accélérer la fin de la guerre contre le colon portugais grâce à des exploits militaires retentissants.

L’homme qui faisait tomber les avions

La phrase revenait comme une ritournelle. Que ce soit dans la bouche de Carmen Pereira, ancienne Présidente de l’Assemblée nationale, Francisca Pereira, ancienne ministre de l’Intérieur ou encore Manuel Saturnino Da Costa, ancien Premier ministre, les derniers vétérans de la guerre de libération du Paigc (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, fer de lance de la guerre contre l’armée coloniale portugaise dans ces deux pays) que j’interrogeais avaient tous considéré ce moment comme le turning point de leur insurrection et répétaient la même formule : « Quand Manecas a abattu les avions… » Mais qui était donc Manecas ? Est-il encore seulement en vie ?

« Manecas ? Bien sûr qu’il est en vie ! Il habite juste à quelques pas de chez moi, tout le monde le connaît à Bissau», lâche Manuel Saturnino Da Costa, dernier survivant de la bande des 10 premiers jeunes qu’Amilcar Cabral, le leader historique de la guerre du Paigc, avait envoyés en Chine pour une formation militaire. Je fais à peine quelque pas et je me retrouve devant le domicile du fameux Manecas, une bâtisse coloniale au charme discret. Je sonne et quelques minutes après, un homme d’âge mûr, élégamment vêtu, ouvre. J’ai enfin devant moi le colonel Manuel Dos Santos, alias « Manecas », ancien commandant en chef de l’artillerie du Paigc, immense héros de la guerre de libération guinéo-capverdienne. Un destin peu commun que celui de ce natif de l’île de Sal, au Cap-Vert.

Lorsque Amilcar Cabral, ancien étudiant en agronomie de l’université de Lisbonne, décide de lancer la guerre de libération contre les Portugais qui occupent ce petit pays d’Afrique de l’Ouest après une campagne de « pacification » particulièrement sanglante, Manuel Dos Santos fait partie des premiers à répondre à l’appel du Paigc.

Le jeune combattant dégingandé aux allures de « barbudo » cubain qu’on voit derrière Cabral en tournée dans le maquis sur l’une des photos les plus iconiques de la guerre de libération, se fait remarquer par sa vive intelligence.

Pendant qu’une guerre sans merci oppose les guérilleros africains aux soudards portugais du général Spinola, Cabral décide, dans le plus grand secret, d’envoyer Manecas et une vingtaine de jeunes membres du Paigc,triés sur le volet, en Union soviétique suivre une formation en artillerie.

Puis, le jeune homme et quelques uns de ses compagnons font cap à Cuba où Castro, qui a donné le ton aux autres mouvements de libération du Tiers-monde depuis sa victoire contre le dictateur Fulgencio Batista, ne ménage aucun effort pour appuyer le combat du petit poucet ouest-africain contre l’ogre portugais.

A la Havane, Manecas et ses gars prennent livraison d’un « colis » qui va se révéler fatal contre les Portugais.

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BARKA BA- JOURNALISTE

 

 

 

Source : Sud Quotidien (Sénégal)

 

 

 

 

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