Africains au Liban : « Tout le monde est nerveux sur le campus »

BBC Afrique – Farai, un étudiant zimbabwéen de 27 ans, avait l’habitude de garder ses livres d’université sur son bureau à Beyrouth.

Cette semaine, ils ont été remplacés par son passeport, ses documents de voyage et de l’argent liquide.

« J’ai un plan pour moi au cas où je devrais partir d’urgence », explique-t-il.

Farai, dont nous avons modifié le nom pour protéger son identité, est rentré au Liban en septembre pour terminer la dernière année de son master en ingénierie mécanique.

Il a passé les vacances d’été chez lui, à Harare.

Il est revenu avec l’espoir d’une désescalade du conflit. Mais depuis que le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre dernier, des tirs transfrontaliers quasi-quotidiens ont lieu entre Israël et le Hezbollah, le groupe militaire soutenu par l’Iran et basé au Liban.

Cette semaine, le Liban a connu les journées de conflit les plus meurtrières depuis près de 20 ans. Selon les Nations unies, environ 120 000 personnes ont été déplacées depuis lundi. L’armée israélienne affirme qu’elle mène une nouvelle vague de frappes « massives » dans le sud du Liban et dans la région de la Beqaa, dans le but de détruire les infrastructures du Hezbollah.

La semaine dernière, 39 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées lorsque des téléavertisseurs et des talkies-walkies utilisés par les membres du Hezbollah ont explosé dans tout le pays.

Le Hezbollah affirme agir par solidarité avec les Palestiniens. Israël affirme vouloir aider ses citoyens qui ont quitté leurs maisons proches de la frontière à retourner dans le nord d’Israël.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, la France, le Canada et l’Inde ont tous recommandé à leurs ressortissants de quitter le Liban dès que possible.

Des étudiants africains ont déclaré à BBC News qu’ils étaient désormais confrontés à un dilemme : rester au Liban alors qu’Israël poursuit ses attaques ou rentrer chez eux, dans des pays tels que l’Ouganda, le Zimbabwe et le Cameroun.

L’Université américaine de Beyrouth (AUB), où étudie Farai, compte environ 90 étudiants africains bénéficiant d’un programme de bourses.

Farai explique que la peur s’est considérablement accrue parmi les étudiants, surtout depuis l’explosion des bipeurs et des talkies-walkies.

« Nous ne savons pas qui porte une bombe à retardement dans sa poche », déclare-t-il.

« Est-ce votre chauffeur de taxi ? Est-ce votre chauffeur Uber ? Est-ce la personne à côté de laquelle vous marchez ? »

De la fumée s'élève au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth après une frappe aérienne israélienne le 20 septembre 2024.

Crédit photo, AFP

Légende image, La fumée s’élève au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth après une frappe aérienne israélienne en septembre

L’anxiété sur le campus

Les journées de Farai étaient autrefois rythmées par les cours et les rencontres avec ses amis. Aujourd’hui, il ne sort de chez lui que pour se rendre à l’université et faire des achats de première nécessité.

Il a récemment fait des réserves de produits de base tels que du pain, des pâtes et de l’eau en bouteille en cas de pénurie.

Plusieurs de ses cours ont été transférés en ligne. Lorsqu’il se rend sur le campus, la tension est palpable.

« Tout le monde est nerveux. Même notre façon de communiquer est différente », explique-t-il.

« Lorsque nous terminons le cours, notre professeur nous dit maintenant de passer une bonne journée et de rester en sécurité. Nous disons la même chose parce que nous savons ce qui se passe dans le pays.

 

« Personne n’est en sécurité. »

L’AUB a fermé son campus le jour de l’explosion des bipeurs, mais il a rouvert depuis. Toutefois, aucune activité pédagogique, telle que les cours et les examens, n’aura lieu jusqu’au 28 septembre.

Cette annonce intervient alors que le ministère libanais de l’éducation a fermé les écoles publiques et privées mardi jusqu’à la fin de la semaine.

Le ministère a indiqué que les écoles publiques seraient utilisées pour accueillir les personnes déplacées par les frappes aériennes dans le sud du pays.

En début de semaine, l’Université libanaise a également annoncé la fermeture de ses campus jusqu’au lundi 30 septembre.

Sharon Atyang explique que sa famille lui a dit de donner la priorité à sa vie plutôt qu'aux études.

Crédit photo, Sharon Atyang

Légende image, Sharon Atyang dit que sa famille s’inquiète de sa sécurité au Liban.

Les cours sont reprogrammés en ligne

Le programme de bourses destiné aux étudiants africains de l’AUB a donné aux étudiants internationaux la possibilité de rentrer chez eux et de terminer leurs cours en ligne.

Mais certains étudiants affirment que cela ne sera pas possible.

Lire la suite

 

 

 

Priyanka Sippy

BBC News

Source : BBC Afrique (Royaume-Uni)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page