Léopold Sédar Senghor, héraut de la francophonie et chantre de la négritude

The Conversation  – Sa vie durant, l’écrivain et poète, père de la négritude, fut un militant passionné de la francophonie. Celui qui fut le premier président de la République du Sénégal a œuvré pour sa traduction politique à travers une organisation intergouvernementale.

Léopold Sédar Senghor est considéré comme un des « pères fondateurs » de la Francophonie aux côtés du Nigérien Hamani Diori, du Tunisien Habib Bourguiba ou encore du Cambodgien Norodom Sihanouk.

Il lui est toutefois accordé une place unique par sa longévité et par son action de héraut de la francophonie. Et parce que, à la différence de ses trois autres pairs, l’ancien président de la République du Sénégal en est également le concepteur intellectuel, voire spirituel par son cheminement personnel, de la négritude à la Civilisation de l’Universel, en passant par la francophonie. Enfin, Senghor, c’est aussi le poète et l’homme de lettres qui siège jusqu’à sa mort à l’Académie française.

Né en 1906 à Joal, sur les bords de l’Atlantique, dans ce qui est alors la colonie française du Sénégal, Léopold Sédar Senghor est issu d’une famille de propriétaires-négociants aisée. Après des études secondaires à Dakar, il débarque, en 1928, à Paris, en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où il se lie d’amitié, pour la vie, avec un de ses condisciples : Georges Pompidou.

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Licencié ès lettres, il est le premier Africain à être reçu à une agrégation, celle de grammaire, en 1935. Commence alors une carrière de professeur dans l’enseignement secondaire en France métropolitaine.

Les années 1930 ont aussi été celles de la négritude. Avec Aimé Césaire et Léon-Gontran Damas, il développe ce concept qu’il définit comme « une manière d’être homme, surtout de vivre en homme. C’est la sensibilité et, partant, l’âme plus que la pensée » africaine.

« Pour un humanisme nouveau »

 

Au-delà de la redécouverte et de l’affirmation de la civilisation négro-africaine, c’est aussi un combat pour la libération des chaînes de la colonisation culturelle « pour un humanisme nouveau ». Elle suscite de vives critiques, y compris chez Jean-Paul Sartre et bien d’autres intellectuels africains qui voient en elle « un racisme antiraciste ». Ce dont Senghor se défendra sa vie durant.

Mobilisé, il est fait prisonnier en juin 1940 et passe deux ans dans des camps de prisonniers. Libéré pour cause de maladie, il reprend ses activités d’enseignant tout en participant à la Résistance. Entre 1945 et 1960, il occupe la chaire de linguistique à l’École nationale de la France d’outre-mer, chargée de former les cadres de l’administration coloniale.

Parallèlement à ses activités enseignantes et de création poétique, Senghor débute en novembre 1945 une carrière politique. Élu à la 1ere Assemblée nationale constituante, il siège au Palais-Bourbon jusqu’en 1958 et devient secrétaire d’État dans le gouvernement d’Edgar Faure en 1955-1956. En 1948, il fonde avec Mamadou Dia le Bloc démocratique sénégalais.

Opposé à la politique de l’assimilation depuis ses premières années d’école, il se montre en revanche partisan d’une réforme de l’Union française – nouvelle incarnation de l’empire colonial français après 1945 – qui permette la prise en compte des identités culturelles de tous. Ce positionnement en faveur de liens franco-africains renouvelés mais durables lui vaut de fortes oppositions dans les milieux africains anticolonialistes.

Il ne se rallie qu’à partir de 1957 au principe de l’indépendance. Sa grande crainte est la balkanisation des territoires d’outre-mer de la fédération d’Afrique occidentale française. Dans la perspective des indépendances, il milite pour un véritable fédéralisme africain. En janvier 1959, il lance en ce sens, avec Modibo Keita, qui en deviendra le président, la fédération du Mali (Sénégal et Soudan français), qui se veut précurseur d’un ensemble fédéral francophone plus vaste. Il assume pendant plus d’un an la présidence de l’Assemblée fédérale.

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Historien, Université Savoie Mont Blanc

 

 

 

 

Source : The Conversation 

 

 

 

 

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