Au Niger, les joyaux de la cité historique d’Agadez menacés par les inondations

Les fortes pluies engendrées par le changement climatique fragilisent les monuments emblématiques de la ville, inscrite en 2013 au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Le Monde – Ses ruelles tortueuses, sa mosquée du XVIe siècle et ses maisons ocre ont fait la réputation d’Agadez. Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, la cité historique aux portes du désert est plus que jamais menacée par les inondations au Niger. Les débordements de cours d’eau ne sont plus rares dans ce pays désertique, mais cette saison des pluies est particulièrement dévastatrice, avec au moins 270 morts et plus de 700 000 sinistrés. Selon les services météo nigériens, il pleut « régulièrement » sur Agadez, y compris dans les zones où habituellement « la pluie ne tombe jamais ».

Abdourahamane Tourawa, ancien maire de cette ville située à plus de 900 kilomètres au nord-est de la capitale, Niamey, relève « le caractère particulièrement agressif des pluies » qui s’abattent sur sa ville cette année. « La vieille ville d’Agadez subit beaucoup de dégâts, des mares débordent, beaucoup de maisons se sont effondrées, même la grande mosquée n’est pas épargnée », rapporte à l’Agence France-Presse (AFP) celui qui est également conseiller du sultan d’Agadez. « Le changement climatique, engendrant de fortes pluies, représente un danger pour la vieille ville. Une centaine de maisons et murs se sont déjà effondrés », s’alarme Ali Salifou, le conservateur de la ville.

Agadez, qui signifie « visiter » en tamacheq, la langue des Touareg, était la perle du tourisme nigérien et une étape incontournable du rallye Paris-Dakar quand la course traversait le Sahara, avant que l’insécurité qui mine la région mette un coup de frein aux visites. Avec ses ruelles tortueuses et ses maisons ocre construites en banco (de l’argile mélangée avec de la paille), la ville fut jadis un carrefour exceptionnel du commerce caravanier.

Coquillages et arabesques

Agadez est réputée pour sa célèbre mosquée au minaret de 27 mètres érigée en 1515 et pour l’imposant palais du sultan datant d’entre 1430 et 1449, empreinte du passé glorieux des « hommes bleus », surnom des Touareg en référence à la couleur de leurs tenues. Elle couve d’autres reliques : la maison d’Heinrich Barth, où avait séjourné l’explorateur allemand en 1850, ou la « maison du boulanger », à l’intérieur orné de coquillages et d’arabesques, qui avait servi de cadre à une scène du film Un thé au Sahara (1990), de l’Italien Bernardo Bertolucci.

Le centre historique, qui compte 20 000 habitants, est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2013. Les monuments emblématiques sont encore « dans un état acceptable », mais « les habitations et autres monuments à valeur historique et religieuse sont menacés », prévient Ali Salifou. « Tous les joyaux de notre patrimoine subissent les assauts de saisons pluvieuses plus violentes et abondantes », confirme à l’AFP Rhissa Feltou, un autre ancien maire d’Agadez.

Au début de septembre, le général Ibra Boulama Issa, gouverneur d’Agadez, est allé constater une « inondation » dans la cour de la mosquée. Selon lui, l’édifice nécessite un « renforcement ». De récentes photos montrent des piliers de cette mosquée séculaire rongés par les eaux et des maisons éventrées ou réduites en tas de gravats. Selon Mahamat Souleymane, le muezzin de la mosquée, l’absence ou le mauvais entretien « des systèmes d’évacuation des eaux de ruissellement » menace la vieille ville.

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Source : Le Monde avec AFP

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