Chers enseignants

Authentique ? C’est par un communiqué laconique que les autorités maliennes de l’époque auraient annoncé la mort, en 1977, de Modibo Keita. Le 1er président, renversé 9 ans pus tôt, aurait été « ramené » à son seul statut d’« ancien instituteur». D’aucuns y décelèrent du mépris. Il est probable en effet que la formulation élusive ait été délibérée.

De là à ce qu’elle soit méprisante en soi…Elle invisibilise surtout les anciennes fonctions-et quelles fonctions- du défunt « au profit » de sa profession. Or, pour paraphraser un mot célèbre, la profession, c’est ce qui reste quand on a tout perdu. Du moins, les fonctions.

Et la profession d’instituteur, d’enseignant plus généralement, est emblématique. Surtout en Afrique. Au point qu’elle est souvent assimilée à une vocation voire un sacerdoce. Notamment par ceux qui observent, pour le déplorer, que « la profession a remplacé la vocation ».

Il est sûr qu’on se souvient plus facilement de son instit au primaire que du ministre de l’Enseignement à la même époque. Oui, en Afrique, peut-être plus qu’ailleurs, la figure de l’instituteur fut longtemps sacrale.

La différence qui a cours ailleurs entre instruction et éducation y est d’une pertinence relative. Ce n’est pas un hasard si certains des 1ers dirigeants du continent ont eu, à l’image de Senghor, de Modibo…ou du défunt Amadou Mahtar Mbow, un parcours antérieur dans l’enseignement à un niveau ou à un autre. Il est symbolique qu’à rebours des titres extravagants dont raffolaient ses collègues, le président Nyéréré ait préféré celui, modeste, de Mwalimu en swahili.

Il est également symptomatique d’observer que certaines des premières recrues de l’armée mauritanienne embryonnaire aient migré de l’enseignement. Transhumance a priori inédite !

 

 

 

Tijane BAL pour Kassataya.com

 

 

 

 

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