Paris 2024 : le rêve déçu du sprinteur malien Fodé Sissoko

M Le magazine du MondeQue deviennent les histoires une fois les articles parus ? Cette semaine, retour sur le parcours de Fodé Sissoko qui, malgré des conditions d’entraînement difficiles, a porté les couleurs du Mali aux JO de Paris.

Ce qu’on a raconté

En avril, M Le magazine du Monde consacrait un portrait au sprinteur malien de 27 ans Fodé Sissoko et le suivait dans la banlieue lilloise dans son quotidien, bien différent de celui de beaucoup d’athlètes qui ont en ligne de mire les Jeux olympiques de Paris : préparation physique, mais aussi, pour gagner sa vie, livraison de courses à domicile en plus d’un temps plein dans un entrepôt de mobilier.

Détenteur du record du Mali sur 200 mètres et médaillé d’argent aux derniers Jeux de la francophonie, en 2023, en République démocratique du Congo, le sportif porte les espoirs olympiques de son pays, qui n’a pas remporté de médaille depuis qu’il participe à l’événement, c’est-à-dire depuis soixante ans. « Tu auras beau faire toutes les compétitions du monde, si tu n’as pas fait les JO, il te manque quelque chose d’essentiel », confiait-il.

Depuis 2018, Fodé Sissoko s’entraîne au Lille Métropole Athlétisme et s’est spécialisé dans l’épreuve du 200 m. Il a rejoint ce club après une formation à l’Institut national de la jeunesse et des sports de Bamako, où il est repéré pour ses performances. Mais pour progresser, dans un pays où il n’y a que deux pistes en tartan et aucun starting-block, il doit quitter le Mali. Il devient boursier olympique et participe, en 2021, aux Jeux de Tokyo, lors desquels il sera éliminé à sa première série. Depuis, sa vie entière est focalisée sur Paris 2024. Le Malien se sent investi d’une mission : « Tu y vas pour faire honneur à ton pays. C’est comme une guerre dont nous sommes les soldats. »

Ce qui s’est passé depuis

Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux, le 26 juillet, Fodé Sissoko était à la proue d’un des bateaux olympiques avec cinq compatriotes. En tenue d’apparat beige et chocolat, tout sourire, il agitait un petit drapeau aux couleurs de son pays. « J’ai su en juin que le comité national olympique m’avait choisi pour représenter le Mali dans la discipline du 100 m. » Faute d’avoir atteint les minima fixés par la Fédération internationale d’athlétisme, il a été sélectionné sur des critères d’universalité – une spécificité olympique qui autorise un comité national, s’il n’est pas représenté aux épreuves d’athlétisme, à envoyer son sportif le mieux classé dans l’une des trois disciplines : 100 m, 800 m ou marathon. Pour Fodé Sissoko, ce sera le 100 m.

Avant sa course, prévue le samedi 3 août, il s’est concentré sur le renforcement musculaire avec son kinésithérapeute et a travaillé le départ du sprint avec son entraîneur. Après la cérémonie d’ouverture et sa magie sous la pluie, Fodé Sissoko a préféré rentrer à Lille plutôt que rejoindre le village olympique, car son coach n’a pas eu de place pour l’accompagner. Mais il était là le jour J. A 11 h 07, il s’est élancé… et a fini dernier de sa série avec un temps de 10 s 66. Le sprinteur n’a pas pu aller plus loin.

Le lendemain, dimanche 4 août, ses sentiments sont mitigés : « Je suis déçu, j’espérais passer les premiers tours, mais je suis content d’avoir participé et connu ces Jeux en France, où j’étais comme chez moi. » Lors de ses entraînements, il avait fait de meilleurs scores et n’arrive pas encore à analyser pourquoi il n’a pas pu donner le meilleur de lui-même. « Tout le monde me dit de vivre le moment et de profiter. Je vais rester au village, aller voir des potes athlètes. Ce [dimanche] soir, j’irai regarder les demi-finales et les finales, il y a une zone réservée pour les sportifs de la même discipline. »

Fodé Sissoko espère la victoire d’un sportif du continent africain. Le 4 août, c’est l’Américain Noah Lyles qui a remporté la médaille d’or du 100 m avec un temps de 9 s 79. Quant à la suite, le Malien sait qu’il n’en a pas fini avec le sport, mais qu’il lui faudra du temps pour se remettre de son rêve olympique.

 

 

 

 

Source : M Le magazine du Monde – Le 10 août 2024

 

 

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