Les prisons israéliennes « fonctionnent comme des camps de torture » pour les détenus palestiniens

L’organisation de défense des droits humains B’Tselem dénonce, dans un rapport, un « usage de la torture systématique, généralisé et prolongé », mis en œuvre par le gouvernement Nétanyahou.

Le Monde  – Israël a vécu, le 7 octobre 2023, la pire attaque terroriste de son histoire. Parmi les quelque 1 200 Israéliens tués par les membres du Hamas et ses affidés ce jour-là, 800 étaient des civils ; et 252 personnes ont été kidnappées. Cette attaque s’est aussi déroulée alors que le pays était dirigé par le gouvernement le plus radical et le plus antipalestinien depuis sa création, en 1948, avec des figures d’extrême droite comme Bezalel Smotrich, ministre des finances, ou Itamar Ben Gvir, ministre de la sécurité nationale. Le 7 octobre a été le point de départ d’une guerre brutale, qui se poursuit, et de représailles sans précédent, jusque dans les prisons israéliennes.

Les détails de cette répression émergent peu à peu, et l’enquête approfondie, menée par l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, publiée lundi 5 août, en révèle les mécanismes. Elle se fonde sur les témoignages circonstanciés, vérifiés et recoupés de 55 anciens détenus, recueillis, pour la plupart, en personne, parfois par téléphone.

« Une idéologie raciste »

 

L’ONG rappelle que les prisons « ont toujours servi d’outils pour oppresser et contrôler la population palestinienne ». Depuis 1967, Israël a emprisonné quelque 800 000 Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est – soit 20 % de la population totale. La situation s’est aggravée sous le gouvernement actuel avec, notamment, Itamar Ben Gvir, qui a autorité sur l’administration pénitentiaire. Il a pris des mesures limitant les visites familiales, les possibilités de libération anticipée, jusqu’à interdire aux détenus de préparer leurs propres repas.

Pour B’Tselem, l’attaque du 7 octobre « a donné l’opportunité [à Israël] de mettre en œuvre une idéologie raciste, en utilisant les mécanismes oppressifs à leur disposition », et notamment les prisons israéliennes. De ce jour, le sort des prisonniers palestiniens a changé. L’administration pénitentiaire a mis en place une forme de confinement et a coupé les détenus du monde extérieur. Le 18 octobre 2023, Itamar Ben Gvir déclarait un « état d’urgence pénitentiaire ».

Pour l’ONG, ce fut le début d’un « processus précipité au cours duquel plus d’une douzaine de prisons israéliennes, militaires et civiles, ont été transformées en un réseau de camps dédiés aux mauvais traitements infligés aux détenus ». « Ces espaces, dans lesquels chaque détenu est délibérément condamné à des souffrances intenses et incessantes, peut-on lire dans le rapport, fonctionnent de facto comme des camps de torture. »

9 623 Palestiniens incarcérés

 

Les témoignages racontent les abus dans leurs moindres détails, les divisant en trois catégories : la violation des protocoles de détention ; les violences physiques et psychologiques ; la privation de conditions de vie correctes.

Les prisons, déjà surchargées, deviennent surpeuplées. Des milliers de Palestiniens sont arrêtés, en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et, bien sûr, à Gaza. Cet été, le nombre de prisonniers a doublé, passant de quelque 5 200 avant le 7 octobre à 9 623 Palestiniens incarcérés au dernier comptage, début juillet – dont 4 781 détenus sans procès, sans qu’ils aient été informés des charges retenues contre eux, et sans pouvoir disposer du droit de se défendre. Parmi les personnes détenues, des hommes et des femmes, des médecins et des enfants, des étudiants et des leaders politiques – tous ayant pour unique point commun d’être palestiniens.

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 (Jérusalem, correspondance)

Source : Le Monde – (Le 05 août 2024)

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