JO 2024 : la cérémonie d’ouverture des Jeux à Paris concentre tous les défis

Organisée pour la première fois sur l’eau, la parade des délégations olympiques sur la Seine, vendredi, nécessite un dispositif hors norme.

Le Monde – L’idée paraît insensée quand, en juillet 2019, Thierry Reboul, le « M. cérémonies » de Paris 2024, propose à Tony Estanguet, le patron du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), d’organiser la cérémonie d’ouverture olympique sur la Seine, une première hors d’un stade.

Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO), lui, est emballé. Le président de la République aussi quand l’idée lui est soumise à l’été 2020. « J’ai trouvé que [l’idée] était folle et j’ai dit banco », confirme Emmanuel Macron en juillet 2021 à L’Equipe.

Le concept est validé en conseil d’administration du Cojop et présenté en grande pompe en décembre 2021 sur une péniche de l’Ouest parisien. Sans établir la « projection des coûts » ni les « potentiels compléments de recettes », pointe alors une note interne. Qu’importe pour les organisateurs, l’idée est de marquer les esprits et l’histoire.

Des billets au prix de 90 à 2 700 euros

 

La cérémonie doit commencer vendredi 26 juillet aux alentours de 19 heures 30 et durer trois heures et quarante-cinq minutes. Elle consiste en une parade nautique de six kilomètres sur la Seine et un spectacle artistique sur les quais entre les ponts d’Austerlitz et celui d’Iéna, et l’arrivée du défilé où plus d’une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement doivent être réunis au Trocadéro pour le final protocolaire.

 

Quelque 600 000 spectateurs devaient être à l’origine massés le long des berges pour assister au show, « soit dix Stade de France en configuration cérémonie », se plaît à comparer Tony Estanguet. Mais les contraintes sécuritaires croissantes et la résistance des bouquinistes parisiens ont réduit la jauge à 316 000 personnes, dont 104 000 munies de billets payants (de 90 à 2 700 euros) sur les quais bas. Sur les quais hauts, il faut désormais avoir été invité par l’Etat, le Cojop ou les collectivités locales des Jeux pour avoir sa place.

Six mille à 7 000 athlètes sur les 10 500 inscrits aux Jeux – les quinze sportifs russes et dix-sept biélorusses autorisés à concourir par le CIO sont notamment interdits de cérémonie – prendront place à bord d’une petite centaine de bateaux aux couleurs des différentes délégations. Environ autant d’embarcations compléteront la flotte pour les besoins de la transmission télévisuelle, des services de secours ou de sécurité, pour les invités VIP ou en cas de panne d’un bateau des athlètes.

Douze kilomètres de quais sécurisés

 

A cérémonie d’ouverture inédite, dispositif policier exceptionnel. Environ 45 000 forces de sécurité intérieure sont mobilisées, vendredi 26 juillet, autour de la Seine et dans les rues de la capitale. A quoi s’ajoutent 2 000 agents de sécurité privée chargés de surveiller les entrées sur les quais bas.

La tâche est immense : il faut sécuriser non seulement les douze kilomètres de quais, mais aussi les zones d’embarquement et de débarquement des athlètes grâce à l’appui de 800 soldats de l’armée de terre spécialement affectés. Tous les bateaux du défilé auront été passés au peigne fin des services de déminage. Même traitement pour les 250 péniches commerciales ou d’habitation qui sont arrimées sur le parcours, dont certaines ont été déplacées à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) le temps de la cérémonie.

 

 

Il faut aussi vérifier les milliers de logements riverains de la Seine recensés sur les deux rives entre les ponts d’Austerlitz et d’Iéna, frapper aux portes des concierges, parfois vérifier les poubelles… Les égouts ont été également visités par les services de sécurité, les eaux du fleuve quadrillées par les plongeurs, des canons intercepteurs de drones déployés, le dispositif Sentinelle renforcé (le plan Vigipirate est au niveau urgence attentat) et l’espace aérien fermé de 18 h 30 à minuit dans un rayon de 150 kilomètres autour de Paris.

Dès le 18 juillet, la Préfecture de police de Paris avait mis en place différents périmètres de sécurité le long de la Seine, accessibles pour les plus restrictifs à la seule condition d’avoir un laissez-passer ou un billet pour la cérémonie.

A quelques heures de l’événement, le repli au Trocadéro, évoqué en cas de menace terroriste avérée, ne semble désormais plus d’actualité. « Tout est prêt pour que tout soit le plus sécurisé possible », a déclaré, dimanche 21 juillet au journal de 20 heures de France 2, le ministre de l’intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, selon lequel « aucune menace [terroriste] caractérisée » ne pèse sur la sécurité des Jeux.

Célébrer une France riche de sa diversité

 

Sur les quais, le spectacle imaginé par Thomas Jolly se décomposera en douze tableaux, interprétés par 3 000 danseurs et comédiens, qui doivent mettre en valeur le patrimoine architectural et historique de la Ville Lumière, en parfaite synchronie avec le défilé des bateaux sur la Seine.

Bastille, Notre-Dame, Le Louvre, la tour Eiffel… La cérémonie d’ouverture se déroulera dans « le plus beau décor du monde », fait valoir Thomas Jolly. « Nous n’allons pas investir seulement les quais et les ponts, mais le ciel aussi. Et l’eau », a-t-il dévoilé dans un entretien au Monde. Le metteur en scène a été accompagné dans l’écriture du récit par l’historien Patrick Boucheron, la scénariste Fanny Herrero, l’écrivaine Leïla Slimani et l’auteur de théâtre Damien Gabriac.

Loin d’être une reconstitution de l’histoire française « virile, héroïsée et providentielle », souligne Patrick Boucheron, la cérémonie doit célébrer une France riche de sa diversité. Elle « doit parler du monde à la France et parler de la France au monde », ajoute-t-il.

Du côté des stars présentes pour le spectacle, les noms des chanteuses Aya Nakamura, Céline Dion et Lady Gaga reviennent avec insistance, comme ceux de Juliette Armanet ou Philippe Katerine. Mais le secret est bien gardé.

« La plus grande production jamais réalisée »

 

C’est un défi artistique mais aussi technique pour les équipes d’Olympic Broadcasting Services (OBS), l’entreprise chargée de la captation des images et des sons des Jeux de Paris. La puissante filiale audiovisuelle du CIO a dépêché le long de la Seine à des points-clés du parcours plus de cent systèmes de caméras (robotisées, à bord de grues, de drones, d’hélicoptères) et plus de 200 smartphones sur les embarcations des athlètes. Trois bateaux suiveurs et stabilisés ont été spécialement conçus par OBS pour l’occasion.

« Pour vous donner une idée de l’ampleur du projet, cela représente trois fois le nombre de caméras utilisées lors de la cérémonie des Jeux de Tokyo », a précisé OBS, qui fournira le monde entier en images depuis l’International Broadcast Center, son quartier général de 40 000 mètres carrés situé au parc des expositions du Bourget (Seine-Saint-Denis). Selon OBS, la transmission de la cérémonie d’ouverture sera « la plus grande production jamais réalisée en termes d’équipements et de ressources de diffusion ».

Il reste désormais aux organisateurs à croiser les doigts pour que la pluie ne gâche pas trop la fête. « On regarde le ciel avec anxiété », a confié la maire de Paris, Anne Hidalgo, mardi 23 juillet, lors d’une réception à l’Hôtel de ville. Avant de souligner, sourire aux lèvres, que « vendredi, ce sera la Sainte-Anne ».

 

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page