En Mauritanie, trois morts à la suite d’émeutes, sur fond de contestation post-électorale

Le président sortant, Mohamed Ould Ghazouani, a été réélu le 30 juin, dès le premier tour. L’opposition dénonce une « mascarade électorale ».

Le Monde – Trois personnes sont mortes dans le sud de la Mauritanie après avoir été arrêtées à la suite d’émeutes, a indiqué, mardi 2 juillet, le gouvernement dans un contexte de contestation après la victoire annoncée du président sortant Mohamed Ould Ghazouani à la présidentielle dès le premier tour.

La ville de Kaédi, dans la vallée du fleuve Sénégal, a été agitée dans la nuit de lundi à mardi par des actes de pillage et de vandalisme qui ont conduit les forces de sécurité à affronter les « émeutiers » et interpeller un certain nombre d’entre eux, a justifié le ministère de l’intérieur dans un communiqué. Deux des « émeutiers » sont décédés en détention, le troisième plus tard à l’hôpital, a-t-il expliqué.

Le ministère n’a fourni aucune autre précision sur les circonstances de ces décès. Il s’est contenté d’indiquer que les « émeutiers » avaient été placés en détention en fonction des circonstances du moment, à une heure tardive et avec un nombre élevé de manifestants.

Deux membres des forces de sécurité ont été gravement blessés, dont un a été admis en soins intensifs, a indiqué le ministère. Il a promis une « enquête transparente et approfondie » pour établir les causes des décès.

Appel au dialogue

 

Le communiqué ne mentionne aucun caractère politique à l’agitation. Mais celle-ci est survenue dans un contexte de contestation après l’annonce, lundi, des résultats finaux provisoires donnant à M. Ghazouani une large victoire dès le premier tour à la présidentielle de samedi.

Le candidat Biram Dah Abeid, donné deuxième de l’élection, a présenté ses condoléances aux victimes. Depuis les résultats de la présidentielle, il crie à la fraude électorale, affirmant que la commission électorale est à la solde du pouvoir. « Nous refusons toujours cette mascarade électorale », a-t-il déclaré à la presse mardi soir, appelant les Mauritaniens à « rester debout » et à « manifester pacifiquement ». « Ils ne peuvent résoudre la crise que par un dialogue entre nous et eux. Nous sommes prêts. Nous leur tendons la main », a-t-il dit.

Des dizaines de personnes ont été arrêtées à la suite de troubles, lundi soir, dans la capitale et à Nouadhibou (nord), a dit mardi à l’AFP une source proche de la police. Parmi elles figurent « beaucoup d’étrangers », a-t-elle dit sans plus de précisions. Le calme a régné mardi à Nouakchott, où les commerces ont ouvert et la population a vaqué à ses occupations.

Mais l’Internet mobile est coupé depuis la nuit de lundi à mardi dans la capitale. Les autorités n’ont fourni aucune explication à cette interruption. Les restrictions d’accès à internet sont devenues courantes à travers le monde de la part de gouvernements confrontés à des protestations.

Espace de stabilité

 

Les lendemains du scrutin de 2019, qui avait également vu la victoire de M. Ghazouani dès le premier tour, avaient été marqués par des heurts, l’interpellation d’opposants et de ressortissants de pays voisins accusés d’avoir participé à des manifestations, ainsi que par une coupure d’Internet pendant une dizaine de jours.

La Commission électorale nationale a déclaré lundi M. Ghazouani vainqueur de l’élection avec 56,12 % des voix. Ces résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel. S’ils sont confirmés, Mohamed Ould Ghazouani, militaire de carrière de 67 ans élu une première fois en 2019, dirigera cinq ans de plus ce vaste pays désertique à la charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, espace de stabilité dans un Sahel troublé par le djihadisme et les coups d’Etat, et futur producteur de gaz.

Ce pays de 4,9 millions d’habitants n’a plus connu d’attaque djihadiste sur son sol depuis 2011, alors qu’elles abondent au Mali voisin et ailleurs au Sahel.

Aucun incident majeur n’a été signalé au cours de la présidentielle. La Mauritanie a connu une succession de coups d’Etat de 1978 à 2008, avant que l’élection de 2019 ne marque la première transition entre deux présidents élus.

 

 

Source : Le Monde avec AFP

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