En équipe de France, les interrogations sur le rôle d’Antoine Griezmann

Le joueur de 33 ans a été maladroit contre les Pays-Bas (0-0), vendredi, mais c’est surtout son positionnement sur le terrain qui interroge, au sein d’une équipe construite pour mettre en valeur Kylian Mbappé.

Le Monde  – Bien malgré lui, Antoine Griezmann s’est peut-être lui-même porté l’œil. A la veille du match contre les Pays-Bas (0-0), vendredi 21 juin, le Mâconnais avait identifié le défi de l’équipe de France après sa courte victoire acquise face à l’Autriche (1-0), grâce à un but inscrit contre son camp par son adversaire : « Le plus important, c’est la finition et essayer de tuer les matchs. » Ces mots ont dû avoir un prolongement dans les vestiaires avant la rencontre, vendredi, car « Grizou » portait le brassard de capitaine en l’absence de Kylian Mbappé, resté sur le banc.

Malgré sa lucidité sur le sujet et toute sa bonne volonté, Griezmann a été l’incarnation du manque de réussite et d’efficacité tricolore, vendredi, face aux Oranje. « J’ai deux occasions, ça ne se joue à rien, a regretté le joueur de l’Atlético de Madrid. C’est frustrant mais il n’y a rien d’alarmant. » Ce qui l’est davantage, ce sont les interrogations qui persistent encore aujourd’hui sur son rôle au sein de cette version 2024 de l’équipe de France, du moins sur le terrain.

Au sein du vestiaire, Griezmann est un leader par l’exemple, discret, qui pèse 131 sélections à lui seul et dont l’aura n’est plus à prouver. Avant le début du rassemblement à Clairefontaine, le 29 mai, il semblait établi qu’il aurait à l’Euro les mêmes prérogatives qui lui avaient permis de briller et de faire briller les Bleus lors de la Coupe du monde 2022. Celles d’un métronome, qui marque moins en équipe de France (trois buts sur ses 31 dernières sélections) qu’en club (24 buts en 49 matchs cette saison), mais dont l’influence sur le jeu tricolore est considérable.

Depuis le premier match de préparation contre le Luxembourg (3-0), Griezmann s’est pourtant mué en couteau suisse, baladé sur le terrain au gré des (in)disponibilités de Kylian Mbappé, homme de base du système de jeu français, ce dernier devant placer le Bondynois dans les meilleures dispositions pour faire la différence. Il y eut donc, pour « Grizou », un coup à l’arrière, comme face à l’Autriche, lundi, à un poste hybride entre celui du Mondial 2022 et celui, plus offensif, qu’il occupe à l’Atlético.

« Plus il touche de ballons, mieux c’est »

« Il a eu du déchet technique qui n’est pas habituel chez lui », avait déploré Didier Deschamps, quand Griezmann avouait ne pas s’être « trouvé très bon ». Moins déterminant dans l’animation offensive, le Colchonero avait été pris dans un entre-deux sans savoir réellement où se positionner, et espérait « toucher plus de ballons » face aux Pays-Bas. Il y eut aussi un coup à l’avant, donc, face aux Néerlandais, comme lors des matchs de préparation contre le Luxembourg et le Canada (0-0). Avec le même constat : Griezmann est alors moins influent.

« Plus il touche de ballons, mieux c’est », affirme Deschamps, qui a pourtant demandé à son joueur d’occuper une position plus avancée face aux Pays-Bas, « un peu comme à l’Atlético, près de la surface », a décrit Griezmann. De fait, ce dernier n’a pas touché beaucoup plus de ballons que face à l’Autriche – 57 contre 47 –, alors que les Bleus ont effectué 200 passes de plus contre les Néerlandais. « J’avais trois milieux derrière moi, donc je n’avais pas besoin de descendre pour créer le jeu », a-t-il expliqué, après une deuxième période où il n’a quasiment jamais pesé sur le jeu tricolore.

Sans la créativité de son maître à jouer, la France a tout de même su se montrer dangereuse face aux Oranje, notamment grâce au jeu en pivot de Marcus Thuram et aux projections vers l’avant d’Adrien Rabiot et N’Golo Kanté, qui ont bénéficié de l’esprit de couverture d’Aurélien Tchouaméni derrière eux. Ce milieu semble complémentaire et a convaincu ; mais qu’en sera-t-il au retour de Kylian Mbappé, contre la Pologne ou lors d’un très probable huitième de finale ?

Quel rôle pour le reste de la compétition ?

Griezmann, « chouchou » de Deschamps comme ce dernier l’a révélé en novembre 2023, n’a pas la crainte de subir un déclassement au sein de cette équipe de France et de perdre sa place de titulaire. Le sélectionneur pourrait avoir à résoudre un sacré casse-tête, car Kanté semble déjà indispensable et Tchouaméni apporte une sécurité non négligeable devant la défense. Qui sortir du onze entre ce dernier, Rabiot et Thuram ?

Dans le deuxième cas de figure, Griezmann retrouverait un rôle plus similaire à celui de la Coupe du monde 2022, où il s’est le plus épanoui en équipe de France depuis un an et demi. Quoi qu’il en soit, peu importe son positionnement, il devra « s’adapter », comme il le laissait entendre ces derniers jours, aux mouvements des joueurs qui l’entourent, afin de fluidifier le jeu de l’équipe de France.

« Il n’a pas de position fixe. Il est entre milieu et joueur offensif », a expliqué Deschamps, qui a précisé que Griezmann « est quelqu’un de très généreux et cette générosité peut l’amener à avoir un peu moins de lucidité ». Avec des conséquences sur la lecture de la rencontre par le Mâconnais, qui a pourtant assuré être à « 100 % physiquement ».

Pour retrouver le chef d’orchestre de Doha, il faudra peut-être se montrer patient, le temps de s’adapter à un nouveau rôle dans une équipe qui n’a pas encore pu aligner deux fois de suite le même onze. Une certitude demeure : pour aller loin dans cet Euro 2024, les Bleus devront compter sur un « Grizou » influent, comme ce fut le cas lors de l’édition 2016 et des Coupes du monde 2018 et 2022. Le Griezmann, cru 2024, Deschamps et ses coéquipiers l’attendent désormais mardi, lors du match face à la Pologne décisif pour la qualification.

 (Leipzig [Allemagne], envoyé spécial)

Source : Le Monde 

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