L’armée française cherche à finaliser sa réorganisation en Afrique

La présence militaire de la France pourrait fortement diminuer dans ses bases situées sur le continent, notamment en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Sénégal et au Tchad.

Le Monde  – Après des mois d’allers-retours avec l’ensemble des pays d’Afrique où l’armée française a des implantations militaires, l’exécutif s’apprête à clore d’importantes discussions à propos des effectifs permanents qui y sont déployés. Un travail intimement lié au rapport que doit rendre, d’ici au mois de juillet, Jean-Marie Bockel, l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour l’Afrique, nommé en février, mais aussi à la première visite, en France, de Bassirou Diomaye Faye, le nouveau président du Sénégal – où la France conserve plusieurs emprises – à l’occasion du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, jeudi 20 juin.

D’après des éléments publiés par l’Agence France-presse et Africa Intelligence, les 17 et 18 juin, l’option qui tient la corde est celle d’une forte réduction de la présence militaire française dans l’ensemble de ses bases sur le continent, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Tchad, ou au Sénégal, à l’exception de Djibouti. Une centaine d’hommes et de femmes seulement pourraient ainsi être maintenus à Libreville (contre 350 aujourd’hui), à Dakar (contre 350), à Abidjan (600 aujourd’hui) et environ 300 à N’Djamena (contre 1 000 actuellement).

Des chiffres que l’Elysée, en première ligne sur ce dossier, n’a pas confirmés, mais qui correspondent à l’arbitrage pris par le chef de l’Etat, en décembre 2023, lors d’un conseil de défense, après la fin du processus de désengagement du Niger des troupes françaises, dans la foulée du coup d’Etat survenu à l’été 2023. Alors que certaines baisses d’effectif ont déjà eu lieu en pratique, ces chiffres correspondent au choix d’une « voie médiane » : en décembre 2023, il avait été aussi présenté l’option, à Emmanuel Macron, de fermer complètement un certain nombre de ces bases.

« Du cas par cas »

 

Le chaînon manquant à cette réorganisation d’ampleur pour les armées, après dix ans de lutte contre le terrorisme opérée avec 5 000 soldats (hors forces spéciales) répartis dans tout le Sahel sous la bannière de l’opération « Barkhane » (2014-2022), demeure toutefois l’avenir de la coopération militaire avec Dakar. Le nouveau président sénégalais, M. Faye, élu en mars, et son premier ministre, Ousmane Sonko, affichent tous les deux des positions très souverainistes, en défiance avec la France et son implantation militaire dans le pays.

Mi-mai, à l’occasion d’une conférence sur les relations entre l’Afrique et l’Europe, aux côtés du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, M. Sonko avait ainsi solennellement déclaré que « la volonté du Sénégal » est de « disposer de lui-même », « laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères », même si cela ne « ne remet pas en question les accords de défense ». Le Sénégal demeure le seul pays où Jean-Marie Bockel ne s’est pas encore rendu, dans l’attente de la rencontre entre M. Faye et Emmanuel Macron, qui doit avoir lieu jeudi autour d’un déjeuner.

Le calendrier des discussions avec le Sénégal, peu avancées, pourrait du coup être désynchronisé du reste des évolutions du dispositif militaire français en Afrique. « Il n’y a pas de tabou », « ce sera du cas par cas », concède une source militaire française alors que la diplomatie française apparaît prête à des infléchissements notables sur le cas particulier de ses emprises à Dakar. « Les effectifs ont vocation à être variables. Le nombre de soldats présents pourra évoluer dans le temps », rappelle aussi cette source, au sujet de l’ensemble des autres bases françaises en Afrique.

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Source : Le Monde

 

 

 

 

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