– En préservant, samedi 20 avril, des zones d’ombre sur l’attaque menée la veille par l’Etat hébreu en Iran, Israël et Téhéran paraissaient déterminés à clore une escalade qui a vu les deux pays s’engager pour la première fois dans un embryon de guerre ouverte. Un seuil a cependant été franchi dans leur confrontation : des attaques directes contre leurs territoires respectifs ont été normalisées, et la possibilité de frapper des cibles nucléaires est signalée.
Les autorités iraniennes ont minimisé avec constance l’importance de ces frappes depuis vendredi matin, indiquant leur intention de ne pas y répondre. Le ministre des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a raillé une simple attaque de drones, « des micro-oiseaux abattus [qui] n’ont causé aucun dommage financier ni perte de vie ». Le patron des forces terrestres de l’armée, Kioumars Heydari, a salué l’efficacité du renseignement lors de la prière du vendredi à Téhéran.
Installations-clés du programme nucléaire iranien
Samedi matin, les quotidiens ont presque tous passé sous silence les frappes de la veille. Al Quds, journal proche des gardiens de la révolution, donnait en une la réaction du ministre de la sécurité nationale israélien, Itamar Ben Gvir, provocateur de l’extrême droite religieuse et unique officiel du pays à s’être exprimé sur la riposte, dont il déploré la « faiblesse ».
En l’absence de tout autre commentaire de l’Etat hébreu, la version officielle iranienne laisse deviner une attaque de drones menée de l’intérieur du pays, par le renseignement israélien, contre une base aérienne d’Ispahan. Cette cité du centre de l’Iran concentre plusieurs installations-clés du programme nucléaire ainsi qu’une base de missiles balistiques, dont Israël démontre, par cette attaque, qu’elles sont à sa portée.
Des drones ont également été signalés à Tabriz (Nord). Cependant il apparaît, selon les médias américains ABC News et The New York Times, qui citent des sources iraniennes et américaines, que l’aviation israélienne a aussi pu frapper avec des missiles de croisière, sans nécessairement pénétrer l’espace aérien iranien. Citant ces rapports de presse, l’ancien chef du renseignement militaire israélien, Amos Yadlin, a estimé que « trois missiles seraient parvenus à infliger davantage de dommages à l’Iran que l’Iran n’en a causé à Israël avec trois cents projectiles ».
Bruits d’explosion en Irak
Des images satellites révèlent ainsi qu’un radar de la base aérienne d’Ispahan a été endommagé ou détruit. Il s’agissait d’un élément d’un système de défense S-300 fourni par la Russie à Téhéran. L’aviation israélienne a par ailleurs frappé un site de défense antiaérien syrien tôt vendredi, selon l’agence syrienne d’Etat SANA.
Enfin, en Irak, des habitants de Bagdad ainsi que des provinces de Babylone et de Wasit ont rapporté avoir entendu des bruits d’explosion, vendredi à l’aube. Les médias locaux ont cité une source de sécurité selon laquelle « aucun ciblage n’a été enregistré à l’intérieur du territoire Irakien, mais les radars militaires ont enregistré le passage d’objets étrangers au-dessus de l’espace aérien irakien », sans donner plus de détails.
L’unité des renseignements de la Mobilisation populaire (une formation gouvernementale irakienne dominée par les milices chiites, proches de l’Iran) a découvert, dans des champs, des restes de missile près de Latifiya, au sud-ouest de Bagdad, et près d’Aziziya dans la province de Wasit, à une centaine de kilomètres de la frontière iranienne. Sabareen News, un média affilié à ces factions armées, a diffusé les photos des restes de missiles, parlant d’un « attentat sioniste raté ».
Selon des sources militaires irakiennes citées par Al-Alam, une chaîne de langue arabe appartenant au groupe de médias d’Etat iranien Irib, les restes sont ceux de missiles air-sol de type Popeye, d’une portée de 80 à 100 kilomètres, qui auraient été lancés depuis des avions en direction du territoire iranien. Les sources suggèrent plusieurs scénarios allant d’un défaut technique à des opérations de brouillage pour abattre les missiles. L’armée irakienne ne dispose pas de dispositifs de brouillage comme celui apparemment utilisé pour abattre le missile, mais l’Iran a fourni de tels dispositifs à ses milices affiliées.
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