– Cent vingt ans que le Bayer Leverkusen attendait son premier titre de champion d’Allemagne. Tant d’année, aussi, qu’il attendait de répondre aux moqueries et de se défaire de la malchance qui l’ont longtemps accompagné, contribuant à son surnom de « Bayer Neverkusen ». Vainqueur du Werder Brême (5-0), dimanche 14 avril, le club a même eu le luxe de s’offrir ce sacre historique devant son public, à la BayArena.
A dix minutes du terme, les joueurs ont été obligés de demander aux fans de remonter en tribunes, alors qu’ils commençaient à envahir le terrain après le but de Florian Wirtz, le 4e du Bayer (83e), alors le deuxième du jour pour le milieu. La rencontre s’est poursuivie dans le nuage des fumigènes… jusqu’à ce que la pépite du football allemand n’y aille de son triplé (90e). Cette fois, impossible pour le stade de retenir sa joie, la pelouse se muant en quelques secondes en une marée rouge.
🇩🇪 #Bundesliga
🏆 Le Bayer Leverkusen est champion d'Allemagne pour la 1ère fois de leur histoire !
🤯 Les supporters envahissent le terrain ! pic.twitter.com/YbeAZSVY8f— beIN SPORTS (@beinsports_FR) April 14, 2024
C’est un soulagement pour ses supporteurs, qui ont longtemps souffert des traumatismes vécus au tournant des années 2000. Lors de l’exercice 1999-2000 de Bundesliga, le Bayer avait perdu le titre lors de la dernière journée, remporté par le Bayern Munich… grâce à une meilleure différence de buts. Deux ans plus tard, le Bayer semblait en lice pour réaliser le triplé. En dix jours, il avait perdu la finale de la Coupe d’Allemagne, puis celle de Ligue des champions, après avoir été dépassé sur le fil en championnat par le Borussia Dortmund.
Cette saison, il avait pris ses précautions et le sacre était devenu un secret de polichinelle, tant l’écart avec ses poursuivants directs était conséquent. Avant cette 29e journée, soit à six matchs du terme, Leverkusen possédait 16 points d’avance sur le Bayern Munich, deuxième, et Stuttgart, troisième. La vraie question était donc de savoir quand il allait leur porter l’estocade.
La formation de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, fondée en 1904 par le chimiste Bayer, avait deux options pour concrétiser son rêve dès ce week-end. La première : que ses rivaux perdent leurs duels respectifs samedi, à domicile – face au relégable Cologne pour les Bavarois (2-0), contre Francfort pour les Badois-Wurtembergeois (3-0). Mais Xabi Alonso ne se faisait pas trop d’illusions. « Ce serait selon moi une très grosse surprise », estimait – à raison –, une moue dubitative sur le visage, l’entraîneur de Leverkusen, lors de la conférence de presse d’avant-match.
Va donc pour la seconde option, l’emporter face au Werder Brême, équipe du ventre mou de la Bundesliga (12e avant le coup d’envoi). Une solution qui avait de toute façon les faveurs de l’Espagnol : « Pour être honnête, je préférerais que l’on gagne le titre sur le terrain avec notre victoire. » Et même si le Basque refusait de trop se projeter sur une éventuelle célébration, il s’était dit « prêt » à recevoir la traditionnelle douche de bière que les joueurs sacrés versent traditionnellement sur leur entraîneur au coup de sifflet final.
Quarante-trois matchs sans défaite
Ce titre vient couronner une saison déjà impressionnante. Leverkusen n’a perdu aucun match – toutes compétitions confondues – depuis la mi-août, soit 43 rencontres (38 victoires, 5 nuls). Un record pour une formation allemande. Il peut même devenir le premier club du pays à boucler une saison de championnat sans défaite. Seules quatre formations ont réalisé une telle prouesse depuis 1945 dans le « Big Five » européen : Pérouse (en 1978-1979, qui a pourtant terminé 2ᵉ), l’AC Milan (1991-1992), la Juventus Turin (2011-2012) et les « Invincibles » d’Arsène Wenger à Arsenal (2003-2004).
Le sacre du Bayer marque aussi la fin de l’ère Bayern Munich en Bundesliga, contraint de céder un trône qu’il occupait sans discontinuer depuis 2013. L’an passé, le Rekordmeister avait été mis en difficulté par le Borussia Dortmund, sauvant sa couronne sur le fil. Rien de comparable toutefois : seuls 2 petits points séparaient alors les Bavarois et le BVB à l’aube de la dernière journée.
Leverkusen peut désormais rêver du triplé, lui qui est encore en lice en Coupe d’Allemagne, dont la finale se jouera le 25 mai contre Kaiserslautern, et en Ligue Europa, avec le quart de finale retour contre West Ham, le 18 avril. Une belle revanche pour le club, jusque-là abonné aux places d’honneurs. Et qu’importe s’il tombe lors des prochaines semaines, il ne sera jamais plus surnommé « Bayer Neverkusen ».
Source :
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com