Jeune Afrique – Sélectionné pour la Biennale de Dakar, qui aura lieu du 16 mai au 16 juin, le peintre et sculpteur reçu Jeune Afrique dans ses ateliers de Nouakchott. Il nous décrit son œuvre, ode à la liberté, puisée dans son enfance et ses racines.
C’est dimanche de mars, nous peinons à rejoindre l’atelier de peinture d’Oumar Ball ; situé dans le quartier Cité Plage, à Nouakchott. Et pour cause, l’institut culturel qui l’héberge est devenu une école coranique. Ce sont donc les enfants qui nous ouvrent les portes de l’établissement, avant que le peintre et sculpteur vienne nous accueillir avec une grande affabilité pour nous guider vers ses toiles.
Rencontrer Oumar Ball, c’est une invitation à nous reconnecter aux autres et à ce qui nous entoure, à capter les instants d’un quotidien qui parfois nous submerge. « Créer est une forme de célébration de la vie, j’essaie de refléter ce qu’elle essaie de nous montrer, sourit-il. L’art est partout »
Et l’on retrouve sur certaines de ses œuvres, au milieu de dizaines de pots de peintures et de cartons épars, la théière mauritanienne, mais aussi la sandale, qui fait l’objet de toute une série. ‘Chez nous en Afrique les chaussures sont toujours laissées ici et là, explique-t-il. Cela remonte à mon enfance, elles étaient toujours par terre, coincées dans la boue, laissées sur les rives du fleuve. » Oumar Ball ne cesse de puiser son inspiration dans ses racines, à Bababé, à la frontière sénégalaise, où il est né en 1987 et a grandi dans un univers pastoral, « entouré d’eau et beaucoup d’oiseaux ».
Les animaux sont présents dans les contes qui bercent cet enfant un peu solitaire, élevé par sa grand-mère. Son père Issa Ball, issu de la première génération d’artistes mauritaniens reconnus, l’a initié enfant à la sculpture, en lui fabriquant des mobiles avant que lui-même crée des jouets pour lui et les enfants du village. C’est entre 15 et 16 ans, au décès de son aïeule, qu’il rejoint ses parents à Nouakchott.
Dans la capitale, il n’a de cesse de créer, au point que son oncle lui conseille d’aller déposer ses œuvres chez un vendeur d’artisanat. Chameaux, vaches, chiens et oiseaux prennent vie avec du métal, au fil de fer ou encre du plastique coloré. Son père, le présente à d’autres artistes et lui fait également découvrir la peinture, en lui rapportant des toiles de Dakar.
« Je n’ai pas fait les Beaux-arts, j’ai appris seul, entre autres grâce aux livres que mes amis ramenaient de l’étrangers. ». Remarqué à l’occasion de plusieurs expositions à Nouakchott, il part dès 2006 en résidence d’artistes à Segovia (Espagne) puis l’année suivante à Talence (France), des expériences qu’il multipliera et qui nourriront un plus son œuvre.
Collage et mélange de textures
Il se fait connaître, échange beaucoup avec les artistes étrangers, car, reconnaît-il, « c’est important pour évoluer ». Il aimerait ouvrir sa propre galerie afin de « rendre à d’autres talents ce que la vie [Lui] a donné », mais se laisse encore du temps, préférant se consacrer à ses créations, dans lesquelles la peinture et la sculpture sont complémentaire.
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Justine Spiegel
Source : Jeune Afrique
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