La fraise, « or rouge » inattendu des producteurs au Burkina Faso

Dans la banlieue de Ouagadougou, les feuilles rondes des fraisiers supplantent choux et salades. "Bizarrerie" au coeur du Sahel, les fraises du Burkina envahissent les étals des marchés locaux, un "or rouge" qui s'exporte désormais dans les pays voisins.

Courrier international –De janvier à avril, dans les bas-fonds de Boulmiougou, un quartier populaire de la banlieue de la capitale, les fraises « prennent la place des autres cultures », affirme à l’AFP, Yiwendenda Tiemtoré.

Depuis l’aube, quand les températures n’ont pas encore atteint 40°C, il est occupé à récolter les petits fruits rouges, qu’il étale minutieusement sur des pagnes.

En moyenne, 25 à 30 kilogrammes de fraises des variétés « selva » et « camarose », les plus cultivées au Burkina Faso, sont récoltées tous les trois jours sur ses parcelles d’environ 300m2, qu’il arrose à partir de puits maraîchers.

La culture de ce fruit qui aime autant le soleil que l’eau peut surprendre dans ce pays sahélien.

AFP/Archives

Les fraises sont disposées sur un plat pour la vente, le 28 mars 2024, dans la banlieue de Ouagadougou, au Burkina Faso

Pourtant, la production de fraise est estimée à 2.000 tonnes par an au Burkina, leader incontesté de « l’or rouge » dans la région. Et si elles sont d’abord prisées par les clients locaux, plus de la moitié est exportée vers les pays voisins.

« Nous recevons des commandes de l’étranger, notamment de la Côte d’Ivoire, du Niger et du Ghana, la demande ne cesse d’augmenter et les prix sont intéressants », rapporte Madi Compaoré, un maraîcher, spécialiste des fraises, qui assure des formations avec plusieurs cultivateurs locaux.

Durant sa période de production, de janvier à avril, la fraise est vendue au prix moyen de 3.000 francs CFA le kilo (4,50 euros), une somme élevée comparée aux autres fruits et légumes.

L’insécurité due aux violences jihadistes et les soubresauts politiques dans ce pays qui a connu deux coups d’Etat militaires en 2022 n’a pas affecté la production, qui se concentre dans les deux principales villes du pays, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, même si « la filière n’est pas très bien organisée », concède M. Compaoré.

Depuis les années 70

Selon le Programme d?appui à la promotion de l?entrepreneuriat agricole (PAPEA) au Burkina, le chiffre d’affaires de la campagne agricole de 2019-2020 des fraises était de plus de 2 milliards de francs CFA (environ 3 millions d’euros).

« On peut penser que c’est une bizarrerie de cultiver des fraises dans un pays sahélien comme le Burkina Faso, mais c’est une réalité depuis les années 1970 », assure Madi Compaoré.

AFP/Archives

Les fraises sont préparées pour la vente, le 28 mars 2024, dans la banlieue de Ouagadougou, au Burkina Faso

A l’époque, la culture avait été « introduite grâce un expatrié français qui avait rapporté quelques plants pour son jardin », explique t-il.

« Il y a de plus en plus de gens qui se lancent dans la culture de la fraise. C’est notre or rouge car c’est l’une des cultures les plus rentables tant pour les producteurs que pour les revendeurs », affirme M. Compaoré.

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Ouagadougou (AFP)

Source : Courrier international

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