Biram Dah Abeid : « Je n’ai jamais dit que Ghazouani était mon ami »

Arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, le leader de l’IRA-Mauritanie est déterminé à battre le chef de l’État sortant dans les urnes, en juin. Et se pose comme son seul rival sérieux au sein d’une opposition divisée.

Jeune Afrique – « Je ne crains personne. » Le regard est, comme toujours, perçant. En ce début de mars, Biram Dah Abeid, qui reçoit à son domicile de Nouakchott, souhaite rappeler à son visiteur qu’il demeure l’opposant intraitable qu’il estime avoir toujours été.

Le seul, d’ailleurs, tant il se désolidarise de ses pairs afin de se poser aujourd’hui comme l’unique adversaire crédible du Chef d’Etat, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à par présidentielle de juin prochain. « Il est le candidat de la continuité du système et moi de la rupture », affirme-t-il sans ciller.

Le militant antiesclavagiste de 59 ans n’a jamais fait l’unanimité : pour les uns, il est ce leader courageux ont le combat acharné pour une nation plus égalitaire est essentiel, pour les autres, il est celui dont les discours offensifs attisent les divisions.

Comme ses camarades de l’opposition, lui aussi avait commencé en 2019 à dialoguer avec le président nouvellement élu, tout en posant ses conditions.

Dans une déclaration qui avait marqué les Mauritaniens, il avait alors affirmé avoir « trouvé un ami », des propos qu’il précise aujourd’hui.

« Je n’ai jamais dit cela dans ce sens. En Hassaniya, ce mot peut aussi bien évoquer un partenaire qu’une personne avec qui on a un contentieux. »

Depuis, sa tentative de rapprochement a tourné court, et son parti, Radical pour une action globale (RAG), n’a pas été légalisé, comme il espérait. « Ghazouani m’a beaucoup déçu, il est revenu sur les acquis démocratiques et n’a rien fait en faveur de l’unité nationale », avance le député, estimant que les élections législatives, régionales et municipales du 13 mai 2023 ont été entachées de fraude « dans les grandes villes ». Les opposants avaient dénoncé d’une même voix ce scrutin jusque dans les rues de Nouakchott, avant que leur union vole de nouveau en éclats.

Plainte d’Ould Maouloud

Le 22 février, à la surprise générale, son immunité parlementaire a été levée à la suite d’une plainte en diffamation déposée quelques jours plus tôt… par un autre opposant, Mohamed Ould Maouloud. Biram Dah Abeid a affirmé, dans un enregistrement rendu public, que le président de l’Union des forces de progrès (UFP) et figure historique de la gauche avait reçu 500 millions d’anciens ouguiyas (1,1 millions d’euros) de la part de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou pour financier sa campagne présidentielle, en 2019. BIram lui-même avait reconnu en avoir perçu de ce dernier 140 millions.

« Je n’avais pas l’intention de l’offenser, assure-t-il. Je n’ai pas dit qu’il avait volé ni escroqué, juste qu’il avait reçu, comme tous les autres, de l’argent dans le cadre de la campagne. »

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Justine Spiegel

Envoyée spéciale à Nouakchott

 

 

 

Source : Jeune Afrique  N° 3135 – Avril 2024

 

 

 

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