Mauritanie : un tribunal spécialisé de lutte contre l’esclavage après quatre années de gouvernance de Ould Ghazouani

La création cette semaine d’un tribunal spécialisé contre l’esclavage, la traite des personnes et le trafic des Migrants par le conseil des ministres de cette semaine dont l’objectif principal est d’améliorer le fonctionnement de l’appareil judiciaire, est considérée par les observateurs comme un aveu d’échec de la lutte contre l’esclavage et de la poudre aux yeux à l’UE qui vient d’arracher un accord au forceps sur la gestion des Migrants.

Derrière ce tribunal spécialisé les observateurs pointent le manque de professionnalisation des tribunaux chargés depuis huit ans de la criminalisation de l’esclavage. Un dysfonctionnement exacerbé par les lobbies de ce crime de l’esclavage sous la bannière de tribus influentes et souvent proches du régime de Ould Ghazouani. Le dernier verdict du tribunal de Nouakchott sur l’affaire d’une famille esclavagiste qui a écopé d’une peine en deçà de la peine normale de 10 ans d’emprisonnement. Et en signant un accord avec l’UE sur les Migrants, le gouvernement entend combler l’insuffisance des tribunaux ordinaires pour justifier au moins indirectement une partie de l’aide européenne.

Les observateurs s’interrogent surtout sur le traitement judiciaire en matière des droits de l’homme. Les trois exemples les plus récents et les plus significatifs de violation de ces droits sont symbolisés par l’assassinat de l’activiste Souvi Cheine dont les auteurs viennent d’être condamnés à perpétuité alors que le parquet avait requis la condamnation à mort. L’assassinat du citoyen Mohamed Lemine à Boghé dont l’affaire piétine au niveau de la justice couverte par l’enterrement express de la victime sans l’aval de la famille.

La dernière affaire en date sur le crime selon le procureur de la république qui serait imputable à un vendeur de fruits qui aurait tout avoué alors que la version du jeune témoin auteur du vidéo sur l’affaire contredit formellement cette thèse pour accuser la police. Ces dérives judiciaires attestent un Etat de non droit qui ne va rien changer même avec la création d’un tribunal spécialisé. C’est la justice pénale très loin des citoyens qui est pointée du doigt.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 21 mars 2024)

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