Mauritanie : les enseignements du dialogue national à Nouakchott

Le dialogue national qui vient de prendre fin à Nouakchott après cinq journées de concertation entre les acteurs politiques, institutionnels, syndicaux et la société civile, est un condensé de recommandations et de propositions pour des présidentielles inclusives en juin prochain avec en toile de fond l’absence de l’opposition parlementaire à la cérémonie de clôture. C’est le premier enseignement qui pointe les difficultés d’une réforme électorale consensuelle.

En demandant la dissolution des partis politiques qui prônent  la division la haine et le racisme ou engagés dans des actions contraires à l’unité nationale et la cohésion sociale, les participants envoient un message fort en creux relatif au torchon qui brûle actuellement entre le député Biram Abeid et le président de l’UFP Ould Maouloud qui se sont engagés dans une bataille juridique  pour faire la lumière sur les accusations du leader harratin de corruption contre le chef d’un des principaux partis de l’opposition démocratique.

C’est donc un signal fort du pouvoir qui vient de choisir son camp et en même temps suspend une épée de Damoclès à l’opposition au système comme l’AJD-MR, le mouvement citoyen TPMN, les FPC, la CVE, le RAG qui surfent sur la vague de l’antisystème.

La proposition de laisser à la justice la question de la dissolution est un coup porté au ministère de l’Intérieur pour aller plus vite. Ce volet important de stigmatisation de la majorité de l’opposition au système augure des présidentielles exclusives. C’est le deuxième enseignement qui relance la participation de 20 partis dans moins de cinq mois et sans doute un peu plus après l’examen du dépôt de certains partis pour leur reconnaissance. Si ce dialogue national a mis sur la table la question épineuse du financement des partis il n’en demeure pas que la proposition pour leur soumission à un contrôle de la gestion ne règle pas l’opacité du système comptable. L’essentiel surtout pour le pouvoir c’est de proposer un toilettage artificiel de la CENI pour préparer la prochaine présidentielle où les jeux sont presque faits.

L’absence de la première force de l’opposition TAWASSOUL, du FRUD, de l’AJD-MR de SAWAB à la clôture de ces assises en dit long de ce dialogue national dicté par un pacte dit républicain qui ne fait pas l’unanimité des Mauritaniens. C’est le troisième enseignement des observateurs qui pointent une concertation inféodée au parti au pouvoir INSAV.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 17 mars 2024)

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