
Les Amazones d’Afrique. La plus âgée de ces joyeuses « guerrières » déterminées avec qui elle est en tournée pour présenter un troisième album commun, Musow Danse (Real World). Comme ses partenaires, elle s’affirme « militante engagée contre l’excision et toutes les violences faites aux femmes ».
– Mamani Keïta, femme de conviction, est un peu la « maman » du collectif de chanteuses panafricainNée en 1965 à Bamako, Mamani Keïta est l’une des plus belles voix féminines africaines de Paris. Un timbre immédiatement reconnaissable, un chant lancinant et sans âge, conjuguant douceur et puissance. Cette voix avait accroché au Mali l’oreille du chanteur Salif Keita, autrefois. Quand celui-ci décide, après un début de carrière à Bamako, puis à Abidjan (Côte d’Ivoire), de s’installer en France, au milieu des années 1980, il ne tarde pas à la faire venir pour qu’elle intègre son groupe. La scène parisienne africaine est alors en pleine effervescence. Mamani Keïta y débarque en 1987. Et n’en garde pas de bons souvenirs : « Le froid, les gens qui s’enferment derrière leurs portes, courent partout et sans arrêt. » Une vague envie de repartir. Paris, elle y vit pourtant toujours.
Elle en rit beaucoup aujourd’hui, installée dans son appartement, rue d’Aubervilliers, dans le Nord-Est parisien, où elle nous reçoit chaleureusement, devant une tasse de thé, quelques jours avant son concert au festival Banlieues bleues, le 20 mars, à Romainville (Seine-Saint-Denis). « Je suis restée quelques années avec Salif. Ensuite, il m’a dit qu’il ne pouvait plus me garder, car je n’avais pas de papiers. »
Chaque fois qu’elle faisait des démarches, même en présentant un contrat de travail, c’était le même scénario. Et la crainte d’être expulsée à tout instant. « Je suis restée douze ans comme ça, mais je me suis accrochée, car je suis une battante. » Elle finira par gagner. Obtient sa carte de séjour – « avec l’aide de Jack Lang, alors ministre de la culture » – et, en 2014, la nationalité française. « Si je veux vraiment quelque chose, je sais que j’y arriverai. »
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